Ca fait trois jours que j'ai vu Licorice Pizza et je continue d'y penser. Preuve que le film a bien fonctionné sur moi. Pourtant, en sortant du cinéma il m'était difficile d'émettre un avis tranché sur le film. Cela vient probablement du fait que Licorice Pizza est un film trop déstructuré et inégal pour être unanime sur tous les aspects du films. Il est quasi-impossible de pitcher le film en quelques lignes. En gros, ça ferait un truc du genre : "Alana et Gary se rencontrent, et après il se passe des trucs..."
En gros les deux personnages principaux servent surtout à peindre un lieu et un moment. Le Hollywood des années 70, et plus particulièrement le quartier de Encino, dont Paul Thomas Anderson est issu. Et pour avoir une vision globale de ce quartier et de cette époque, PTA n'hésite pas à rusher le destin de ses personnages, qui passent de collégiens, à acteurs, à chef d'entreprise, à militant politique, quasiment sans transition, d'une manière assez artificiel. D'ou ce coté bordélique, ou tout s'enchaine trop vite sans vraiment de cohérence. Il est même difficile de ne pas se dire qu'il s'agit d'un film autobiographique, tant les différents "chapitre" du film s'agence plutôt comme une successions d'anecdotes et de souvenirs nostalgiques. Pourtant PTA avait 3 ans à cet époque. Et certaines situations sont tellement improbables qu'on ne peut pas croire qu'elles sortent de l'imagination d'une seule personne.
Mais malgré ce coté foutraque, on passe malgré tout un bon moment. Les personnages sont attachants, complexes et mega-bien castés. Mine de rien, c'est rafraichissant de voir de nouvelles têtes loins des canons de beauté hollywoodien faire leur apparition. J'appris plus tard que le gamin était ni plus ni moins que le fils de Phillip Seymour Hoffman. Leur histoires d'amour faites de désirs refoulés, d'actes manqués, d'amitiés et de jalousie est vraiment bien écrite et est loin des clichés que l'on peut attendre sur une romance de collégien.
En plus d'être touchant, le film est franchement drôle. Le passage avec Sean Penn et Tom Waits est excellent et je retiens surtout la scène avec Bradley Cooper, incontestablement le passage le plus drôle du film, mais aussi le plus tendu, avec une longue scène impliquant un camion, une colline et une panne d'essence.
L'autre aspect particulièrement réussi, c'est la reconstitution fidèle de l'année 1973. Je n'ai pas connu cette époque, mais je voue un culte à cette décennie et surtout à son cinéma (à mes yeux la meilleure décennie en terme de cinoche). Tout est là. Les coiffures, les bagnoles, les décors, la musique et l'aspect parfaitement imparfait de la pellicule. Le seul problème, c'est que j'ai eu l'impression d'être passé à coté de quelques référence, probablement évidente pour le spectateur américain, mais pas forcément pour le français né en 1991 que je suis. C'est pour ça que avant de vous lancer dans le visionnage de Licorice Pizza, je ne peux que trop vous conseiller de vous farcir les pages wikipedia de William Holden, Jon Peters, Joel Wachs et du quartier de Encino.
Licorice Pizza a créé un beau bordel dans ma tête. Mais il a réussi l'exploit de me rendre nostalgique d'une époque que je n'ai pourtant pas connu. Ca fait trois jours que j'ai vu Licorice Pizza et je continue d'y penser.