Pour des raisons obscures, je n’ai pas pu aller voir Licorice pizza au cinema lors de sa sortie. Avec le sentiment de passer probablement à côté de quelque chose. Non pas que le pitch m’emballait. Mais un film de Paul Thomas Anderson, bon ou mauvais, c’est toujours une déclaration d’amour au cinema, à celui qui se regarde sur un grand écran.
J’avais eu la chance de pouvoir vivre Phantom Thread en salle, en me disant que, décidément, ce mec est vraiment un orfèvre, et que Punch drunk love n’était qu’un accident de parcours pardonnable.
C’est donc en VOD que j’ai dû me contenter de suivre l’histoire ce cet amour adolescent en pattes d’eph et chemises à fleurs. Ce qui m’a vite fait regretter de ne pas avoir pu le voir sur grand écran, tant le travail sur l’image est remarquable. La photo n’est pas simplement sublime, mais comme on pouvait s’y attendre de la part d’un maniaque comme PTA, l’image est calibrée pour avoir un rendu similaire aux films des années 70. Je serais curieux de savoir quels optiques ont été utilisées, tant le rendu vintage est conforme à l’esthétique 70’s. Je pense même qu’ils ont tourné sur pellicule, pour avoir un rendu aussi soft. Le travail sur les décors et les costumes est impressionnant, contribuant à faire ressortir les couleurs de l’époques, sans jamais surjouer sur la vibrance ou la saturation. Je suis par nature toujours insatisfait, mais là, rien que ce travail sur l’esthétique vintage suffit à mon bonheur.
Au niveau de la mise en scène, c’est du PTA. Tous les plans sont parfaits. Comme à son habitude, on a droit au long plan séquence d’ouverture pour introduire les personnages dans un contexte virevoltant, qui place le ton du film. D’entrée de jeu, on sait que ce sera léger. Et ça le restera tout au long du film. Du début à la fin, l’auteur cherche en effet à capter cette euphorie de l’adolescence, quand les hormones prennent le contrôle de tout et font jouer l’ascenseur émotionnel, et que les décisions les plus inattendues se prennent sur un coup de tête sans réfléchir à aucun moment aux conséquences.
Et on peut dire que ça fonctionne plutôt bien. Les scènes sont construites de manière à maintenir en permanence un rythme élevé, porté par une BO démoniaque, en relançant à chaque fois l’histoire par l’introduction de nouveaux personnages plus ou moins bien sentis, sans qu’ils ne viennent polluer l’histoire en s’éternisant.
Alors bien sûr, et c’est là le problème, il faut acheter le postulat de base. Commencer à remettre en question la crédibilité d’un gamin de 15 ans boutonneux qui peut se permettre de créer des sociétés sous le regard bienveillant de maman, c’est se saboter tout le film. Ce serait tentant, mais au vu de la maestria de la mise en scène, on préfère faire acte de bienveillance en laissant notre scepticisme au vestiaire une paire d’heure, pour se laisser porter par ce voyage temporel et sensoriel, et se reconnecter un moment avec ce mélange de fougue et de candeur de nos 16 ans.
Rien que pour ça, une fois de merci au maestro PTA
P.S : en écrivant ces lignes j’ai l’idée d’aller me renseigner, et effectivement, ils sont bien tourné en pellicule Kodak. Les optiques sont la série Panavision C-Series Anamorphic, produite à partir de 1968.