Pour mon premier Ophuls j'ai choisi celui qui l'a fait connaitre. Celui qui est considéré comme son meilleur film allemand avant qu'il ne fuie l'année suivante le nazisme au pouvoir.
Disons le tout de suite, ce film fut un moment agréable. Pendant 45min un mot venait à l’esprit pour qualifier Libelei : charmant. Charmant et léger tout comme le jeune couple qui se forme sous nos yeux et comme ce moment, cette valse où le sentiment amoureux semble se cristalliser. Mais le film n’en reste pas là, il devient plus qu’une charmante bluette. Vient poindre son nez l’évènement qu’on pressent terrible. Un duel imbécile, occasion d’une petite saillie humaniste du second témoin qui vient donner une dimension supplémentaire au film, mais irrémédiable. C’est cette scène du duel qui fait basculer le film dans une autre dimension. Cette idée de ne rien montrer et de nous plonger dans l’angoisse des personnages attendant le 2d coup de feu est tout simplement magistrale. Et puis vient le vrai moment d’émotion (et la véritable performance d’acteur). Ophuls filme alors une Magda Schneider (instant culturel : mère de Romy Schneider) très juste dans la détresse, magnifique et émouvante.
Alors Libelei n’est peut-être pas un « grand » film mais bien des scénaristes et cinéastes devrait en prendre de la graine. La simplicité, la légèreté et la justesse font plus d’effets que l’accumulation des drames et des violons.