Jeune aristocrate du 16ème siècle, Beatrice Cenci devint célèbre pour avoir fomenté l'assassinat de son père, une sinistre crapule. Ce qui conduisit le gros de sa famille à l'échafaud. Son personnage historique inspira de nombreuses tragédies & peintures, ainsi que ce film de 1969, qui retrace assez fidèlement les événements.
Lucio Fulci n'était à l'époque pas encore le parrain du gore. Pour autant, il avait déjà un certain sens de la cruauté, dépeignant ces événements de manière pessimiste.
Car "Beatrice Cenci" n'épargne pas grand monde. Loin de l'image fine et raffinée qu'elle renvoie souvent, la Renaissance italienne est ici présentée comme une ère où s'enchaînent coups bas et machinations. Nos protagonistes sont davantage des meurtriers du dimanche que des héros tragiques. Tandis que quand ils ne sont pas dépravés en orgie, les corps sont soumis aux viols, exécutions, ou tortures !
L'occasion pour Fulci de livrer tout de même quelques scènes sanglantes. Et le réalisateur sait aussi construire son ambiance, avec des grands angles et des doubles focales qui mettent en avant les bassesses des personnages et la violence des situations. Tout en exploitant de bons décors & costumes.
Le montage a semble-t-il fait couler par mal d'encre. Car il faut dire que le choix est osé : le récit est présenté de manière complètement éclatée, avec des allers-retours dans le temps. Un procédé qui demande toute l'attention du spectateur, afin d'imbriquer peu à peu les pièces de l'intrigue. Cela pourra embrouiller ceux qui ne connaissent pas du tout l'histoire des Cenci, et perdre ceux qui regardent le film d'un oeil. Mais pour ma part, je salue l'énorme effort de montage pour que l'ensemble demeure cohérent, et j'ai apprécié cette construction qui donne plus de suspense que je n'imaginais.
Je terminerai en parlant des acteurs. Les jeunes et beaux Tomas Milian et Adrienne Larussa sont souvent vendus sur les affiches du film. Néanmoins c'est clairement George Wilson qui se taille la part du lion, excellent en aristocrate vicelard !