Une bénédiction.
D'abord pour les blasés et amateurs chevronnés de films d'art martiaux (encore plus pour les pratiquants) et films d'action tout court. (Une malédiction ces banners ci-dessous par contre amis lecteurs). Ensuite pour le public sensible aux auteurs qui les respectent par une vraie recherche d’authenticité quasi-documentaire conférant une force dramatique rare au récit.
Une bénédiction qui fut d'abord un sacré marathon de production, de préparation technique, cinématographique et de promotion pour Bren Foster, né au Royaume-Uni comme son désormais rival Scott Adkins avec qui l’autre brun partage plus qu'un pays de naissance. Élégance gestuelle, courtoisie, cinégénie (le gaillard, gendre idéal -et en effet beau garçon sur tous les plans- dédie son projet à sa maman une fois avoir massacré une dizaine de rotules, côtes, arcades et glottes) et bon acting ( Vs Seagal & Van Damme) pour cet immense athlète et artiste martial.
Pour accoucher de son 1er film à 47 ans (la frustration a été fructueuse visiblement), l'australien Bren Foster a, à la fois, tout mis de lui par un investissement hors-norme (cumulant les postes d'acteur principal, réalisateur, scénariste, coordinateur cascade, chanteur etc...) et fait très simple pour son sujet. Soit sauver les plus faibles de son écosystème avec une touche Cobra kaï en banlieue australienne & Sound of Freedom. Et c'est précisément par ce paradoxe de densité simplifiée que le bien nommé Life after fighting réussit le doublé en un coup vraiment mortel : une parfaite synthèse de philosophie de vie Sensei transpirant une sincérité redoutablement efficace à l'écran. En effet, l'adage "on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même", big Bren l'a appliqué à la lettre et à coup de latte par son approche en partie biographique.
Partie fiction, le deuil (conjugal x2, carrière sportive au championnat) cimente cette histoire de réhabilitation à la vie-à l'amour avec une foi envers le bien sacrément chevillée au corps. Le maître et professeur d'arts martiaux Alex Faulkner/Ben Foster protégeant les innocents des forces du mal (titres bien mérités ici) de son propre temple, tel un samaritain du quotidien. Le prof, le pote, le cousin, l'ami, l'amant : le bon gars partout quoi. Ce qui était hasbeen hier redevient aujourd'hui un oasis de valeurs refuges farouchement sanctuarisé. D'ailleurs si les dialogues, la direction photographique et artistique sont d'ambition modestes, ils collent au parti pris principal, idem pour les personnages secondaires (la mimi maman Cassie Howarth comme le bad guy font le job sans fausse note). Quel parti pris me direz-vous pour expliquer cette première vague de buzz critique souvent dithyrambique sur ce film avant celle éminente du public mainstream (on en reparle à la rentrée) ?
La principale plus-value Life after fighting est la mise en scène incroyablement réaliste au service de la puissance des coups et mouvements des arts martiaux pratiqués ici. Dès le 1er plan, la différence est donnée et l'impact, instantané. Les éléments sont déchaînés, de la mécanique des fluides des corps sollicités au fracas des atomes pulvérisés, matériau des décors compris (le budget étagère a pris cher). Toute la matière visuelle est réduite à l'espace essentiel, majoritairement sur le tatami ou espaces confinés (escaliers, wc). Seul Gareth Evans et co (Xavier Gens) et productions indonésiennes récentes avec Adkins, Yen, Jai White, Tony Jaa ou Iko Uwais peuvent encore trôner dans la gestion de l'espace, de la vitesse et de l'action purement physique face à ce vent de fraîcheur badass.
La fluidité du montage alternant cadrages collés aux corps & plans larges et le sound design surpuissant bluffent. Chaque coup capté au micro imprime sa marque spécifique situant l'évolution du combat.
La masse complexe de technicité pratiquée au sol et dans les airs est d'une lisibilité rare.
Titulaire de ceintures noires en taekwendo, hapkido, hwarandgo et jiu-jitsu brésilien, Bren Foster connait si bien ses 2 arts pratiqués (cinéma & techniques martiales) qu'il arrive à singulariser d'emblée son style organique très pro avec une simplicité encore rarement vue aujourd'hui. L'immersion est d'ailleurs complète car il a intelligemment tourné en partie son film dans son école avec ses instructeurs et élèves (on en revient à la source autobiographique), confirmant un souci d'authenticité trop souvent ignoré dans le genre hybride ici.
Si il y a des points noirs, ce serait chez le chef-op dépressif et la gestion du rythme sur la partie thriller hors dojo, un peu longuette et pas très vraisemblable (face au danger, on part trouver la maison la plus proche pour alerter ou on exfiltre l'innocent, on se casse sans palabrer puis on appelle direct la police).
Mais on est vite consolé avec le final round... parlons-en de ce final colossal tout de rage et variations avec neutralisations à la carte sans compter une montée dans la férocité bien vue et l'absence d'invulnérabilité toujours au service de cet angle réaliste et humain. Et puis cet enchaînement de triple.... Vous connaissez la chanson (l'auteur vous laisse la surprise de sa découverte en vous épargnant les spoils)... mais vous ne connaissez pas encore Life after fighting par l'encore moins connu mais multi-casquette Bren Foster (filmographie très dispensable excepté sa voix incarnant Mad max (le jeu vidéo), le docu La science du combat, la série The last ship et le court Downing). Et le 8/10 comme pour One shot, je m'en porte garant (confirmation ou réclamation en commentaires).
Alors foncez si vous aimez les drama-actionners sains qui foutent la pêche avec un héros local défonçant autant l’anatomie des ennemis que votre rétine de spectateur averti.