Twinkle twinkle little star...

Alors qu'on s'apprête à découvrir en salles le tout nouveau volet de la saga "space-horror" la plus marquante du cinéma, "Alien Covenant" avec un mélange d'excitation et d'appréhension, la tentation est grande de tromper son impatience avec un film tel que ce "Life : Origine inconnue"...

Et dans un premier temps, on se dit que c'était une bonne idée que ce thriller spatial basé sur le schéma du 1er Alien, mais placé dans un contexte nettement plus proche de notre réalité, à savoir la Station Spatiale Internationale. Une équipe d'astronautes y réceptionne une sonde en provenance de Mars, et celle-ci transporte des échantillons du sol de la planète rouge, dont l'un s'avère receler une forme de vie, apparemment monocellulaire. Exposée à l'air et à a lumière, elle commence à se développer, et se révèle bien vite beaucoup plus complexe qu'il n'y paraissait au premier abord, provoquant ébahissement, joie et excitation parmi les membres d'équipage de la station. Leur enthousiasme est malheureusement bien vite douché lorsque la forme de vie en question montre une capacité à se développer à une vitesse ahurissante, ainsi qu'une agressivité flippante! La situation dégénère, et tout comme dans les films dédiés au xénomorphe le plus charismatique de l'univers, les astronautes vont devoir se battre et faire preuve d'intelligence et de stratégie pour contenir la menace et y survivre...

Adoptant une esthétique à la "Gravity", le réalisateur Daniel Espinosa crée au premier abord une ambiance radicalement différente de celle d'"Alien le 8ème passager", avec des environnements lumineux et rassurants, et une ambiance sereine parmi les astronautes de la station. Tout le monde semble détendu, pas un conflit à l'horizon, et la découverte qui s'offre à eux les fait légitimement frémir... d'excitation : c'est une grande première!!! Le choc est d'autant plus violent lorsque l'émouvante, voire attendrissante nouvelle forme de vie devient non seulement agressive mais aussi terriblement dangereuse, vorace, et difficile à combattre. La scène en question est d'une réjouissante brutalité, savamment distillée en une montée progressive de la tension jusqu'à sa perturbante conclusion. On se surprend à imaginer soi-même la douleur infligée par la bestiole, et à être saisi d'effroi face à la manière dont elle se nourrit pour grandir!

Le film se déroule ensuite comme un classique mais efficace slasher spatial, au cours duquel on se demande moins qui survivra à la mésaventure, que comment mourra la prochaine victime et qu'inventera la créature pour parvenir à ses fins. On pardonne donc avec magnanimité le peu de profondeur des personnages même si on aurait apprécié que leurs rapports soient plus fouillés, car le coeur du propos n'est pas dans la psychologie ou dans la réflexion sur la place de l'humain dans l'univers, mais bien dans le plaisir coupable mais amusant d'assister à une lutte désespérée dont on se doute bien dès le départ que peu réchapperont sains et saufs.
De plus, la réalisation de bonne facture, les décors réels et non incrustés via fond vert, l'engagement physique des membres du casting, qui ont dû en baver avec des harnais pendant de très longues heures, et leur bonne interprétation rendent l'ensemble assez immersif et crédible malgré quelques ficelles scénaristiques un peu faciles.
Surtout, c'est le design de la créature qui est bien senti, et assez original au moins dans un premier temps, avec un côté "lovecraftien" sympathique. Les emprunts ou hommages à Alien sont présents, mais totalement assumés, et ne nuisent donc pas à l'impact visuel et viscéral que provoque la bestiole chez le public, que l'on peut sentir frémir dans la salle par moments.

Le souci principal du film, qui l'empêche de décoller du statut de petit film d'horreur spatiale sympathique pour atteindre celui de grosse claque flippante, c'est le côté trop prévisible de son scénario... Comme dans presque tous les slashers, on sent venir de loin la plupart des péripéties, et on a envie de crier à l'oreille des personnages "Mais non!!! Ne fais pas ça!!! C'est obligé de mal tourner!!!" à plus d'une occasion. Ce n'est pas forcément désagréable, et c'est peut-être même parfois amusant, mais ça nuit quand-même à la tension globale en minimisant quelque peu le suspense, même si le film a l'intelligence de ne pas fonctionner sur le modèle éculé des jump-scares à répétition. Autre petite faiblesse, certains détails du scénario et de son intrigue sont d'abord annoncés, puis purement et simplement... oubliés! Comme si le budget avait été insuffisant pour tout filmer, ou si un monteur un peu vénère avait supprimé quelques bouts de séquences qui n'avaient pas trouvé grâce à ses yeux! Dommage, car quelques petites incohérences se glissent ainsi dans l'histoire, ce qui ne sera pas pardonné par les plus intransigeants des spectateurs...

En fin de compte, "Life" (oubliez le sous-titre débile "Origine inconnue", vu qu'on sait dès les premières images du film d'où vient cette forme de vie, et qu'on s'en tamponne royalement le coquillard!!!) est, malgré ses défauts, un sympathique film de science fiction horrifique, qui s'inspire de ses illustres aînés tout en tâchant d'avoir son identité propre, mais sans avoir la prétention d'être un chef d'oeuvre du genre. Simplement un bon moment, avec quelques bonnes idées, quelques chouettes frissons, et une créature flippante et amusante à la fois. un petit "amuse-bouche" de bon aloi en attendant la sortie dans moins d'une semaine d'"Alien Covenant"...