Martien go home
Les films de série B présentent bien souvent le défaut de n'être que de pâles copies de prestigieux ainés - Alien en l’occurrence - sans réussir à sortir du canevas original et à en réinventer...
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le 21 avr. 2017
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Il suffit de répondre à trois questions assez simples à comprendre pour savoir si vous allez apprécier Life. C'est aussi simple que ça. Sérieux. Aimez-vous Alien ? Trouvez-vous ridicule que l'intégralité de ce moment majeur du cinéma moderne ne se passe pas en apesanteur ? Êtes-vous conscient du fait qu'il est possible de nos jours de s'acquitter aisément de pareil artifice finalement assez banal ? Si vous avez répondu oui aux trois questions, ta-daaam, vous allez adorer Life. Enfin... vous allez adorer son principe car malheureusement les concessions thématiques nécessaires à obtenir le budget susceptible de réaliser cet artifice du « film d'horreur grand-public se passant dans l'espace » ont quelque peu nui à l'aspect brutal qu'une histoire comme celle-ci pourrait sous-entendre chez tout être humain normalement constitué. Que voulez-vous, c'est comme ça de nos jours : les bonnes idées sont généralement sacrifiées sur l'autel du budget nécessaire à les mettre en pratique. C'est ainsi. Nous vivons une époque formidable.
Faisons simple : dans un futur lointain – mais pas tant que ça car tout le monde parle encore anglais et non pas Zébulonien – une équipe de très beaux scientifiques venus des quatre coins de la planète afin d'assurer une vague chance de succès mondialisé au projet sont réunis dans une station spatiale pour ausculter une nouvelle souche de cellules martiennes porteuses d'espoir. Tous les archétypes traditionnels de ce genre de films sont présents. Vous avez Deadpool, l'homme qui fut autrefois Van Wilder, dans le rôle de l'américain qui fait des blagues. Dastan du film Prince of Persia dans celui du gars sérieux qui sait faire son travail. Un japonais avec un accent cute et une belle barbe. Une anglaise qui a tout l'air d'avoir vingt ans mais incarne une sommité internationale connue pour les protocoles sur le voyage spatial qu'elle écrivit dans sa tendre enfance. Un afro-américain paraplégique qui flotte dans l'espace grâce à un harnais dont les fils ont été effacés en post-production. Et même une Soviéti... une russe venant apporter un accent comique aux scènes les plus sérieuses. Tel est votre équipage. Il vit dans l'espace de manière joyeuse en déclamant quelques blagues censées vous induire dans un état de confort factice le temps que la fameuse forme de vie unicellulaire mentionnée il y à quelques phrases de cela se mette à grandir. C'est ça le concept du film, au fait, un nénuphar martien dézingue des acteurs dans une station spatiale réaliste. Hey, je n'ai jamais prétendu que c'était un moment majeur de la production cinématographique actuelle. Par contre, c'est un film doté d'un des plus solides – quoique prévisible – twist de fin sortis ces dernières années de la machine hollywoodienne. Tant et si bien que je ne pourrai décemment pas vous en parler dans ce bref article.
Ce qui m'empêche, d'ailleurs, de vous causer la principale raison que vous pourriez avoir de regarder un long-métrage comme celui-ci. Enfin, ainsi va la vie. Vous savez très bien ce que vous êtes en droit d'attendre d'un film d'horreur produit par Columbia Pictures et réalisé par un homme comme Daniel « Je n'ai pas de moment majeur sur mon CV » Espinosa. Il aura tenté de protéger l'un des meilleurs effets d'un film qui est malheureusement trop dépendant de son budget pour pouvoir s'offrir le type d'effets gores nécessaires à réellement rendre son idée horrifique. M'enfin, j'imagine que pour un public moderne – celui dont l'idée de l'horreur oscille entre un film mineur de James Wan et un mauvais remake d'un classique de Carpenter – ceci devrait probablement sembler adéquat. Ce qui n'est pas vraiment une extraordinaire forme de compliment, hein, mais je pense qu'il faut savoir faire la part des choses. Par contre, en tant que fan de film d'horreur, je sais que j'ai attendu pendant l'intégralité du long-métrage une forme de moment magistral soulignant précisément en quoi le nénuphar martien était un monstre unique du domaine cinématographique... et ce moment n'est jamais venu. L'idée, à la base, est tellement stupide qu'elle pourrait vraiment utiliser quelques séquences gores pour démontrer l'efficacité de son concept. Quand votre principal argument est un monstre étrange : faut le démontrer. Nous ne sommes pas ici dans le domaine de l'horreur psychologique où l'on peut sous-entendre des atrocités impensables par l'utilisation intelligente d'artifices de réalisation exquis. Non, ici, mieux vaut exploser quelques crânes, détruire quelques genoux et liquéfier des boyaux. Malheureusement, pour des raisons de classification, tout ceci est impossible. Et c'est pourquoi le mieux que l'on puisse dire de – vérifie ses notes – Life consiste en cette phrase : un agréable hommage à Alien et Apollo 13 malheureusement dépourvu du type de courage nécessaire à ce qu'il dépasse ses honorables ancêtres.
Ce qui est triste, quand même, pour un film bâti presque exclusivement autour de l'idée d'un nénuphar évolutif venu de l'atmosphère froide de Mars pour s'enfouir dans la chair chaude du genre humain.
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Créée
le 16 mai 2017
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