Just a girl
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le 12 août 2020
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Récit post-apocalyptique empruntant subtilement à “Children of Men” et “The Road” dans son concept et à l’oeuvre de David Lowery (“Ain’t Them Bodies Saints”, “A Ghost Story”) dans sa mise en scène, le premier film de fiction écrit et réalisé par Casey Affleck se déroule dans un futur dominé par la masculinité toxique et l’anarchie au lendemain d’un virus ayant décimé la quasi-totalité de la population féminine. Dans cet enfer inhospitalier, Caleb (Casey Affleck) se doit de protéger sa fille Rag (la révélation Anna Pniowsky) envers et contre tout ; aussi bien du danger incarné par des hommes aux instincts primitifs que de l’obscure perspective d’un monde sans lendemain pour l’humanité et ses rares filles, devenues proies.
“Light of My Life” est introduit à la perfection par un dialogue tendre et parabolique autour d’une version revisitée de l’Arche de Noé rythmée par l’imagination méditative de Caleb et la pertinence des réactions de Rag. Le décor est planté : la relation affective et spirituelle qui unit les deux personnages témoigne d’une intensité débordante, renforcée par les leçons et légendes du passé dans lesquelles ceux-ci se réfugient au cœur d’un rapport de fusion et de sagesse plus fort que son atroce contexte.
Leur quête dans l’effort pour un endroit sûr se veut truffée d’embuscades et de déceptions dans une histoire de survie mêlant tendresse et défiance. La dynamique entre les deux comédiens est entretenue par les profondes conversations entre ce père pacifique et sa fille clairvoyante, en constant questionnement sur le sens des choses, pour un tout qui célèbre la famille à travers un cataclysme centré sur la paternité. Une alternative fataliste à "Captain Fantastic", en quelque sorte. À la fois froid et brutal, “Light of My Life” est un hommage minimaliste aux liens du sang et à la défense des siens, dont les faiblesses structurelles et l’aspect familier sont comblés par le lyrisme de ses évocations et la tension de ses climax, éléments lui permettant de trouver sa voie, mais aussi sa voix.
Un océan d’amour fait de patience, d’osmose et de résistance.
Créée
le 10 mai 2020
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