Film noir mélancolique tourné au début des années 90, "Light Sleeper" porte encore les stigmates de la décennie précédente, à l'image de sa bande originale mélodieuse, œuvre du méconnu Michael Been (leader du groupe "The Call"), sorte de slow rock introspectif aux accents Springsteeniens.


Je me suis rapidement senti à l'aise dans cet univers, qui décrit le quotidien d'un dealer new-yorkais (Willem Dafoe), partagé entre sa routine un peu risquée mais agréable en compagnie de sa bien-aimée patronne (Susan Sarandon, formidable comme souvent), et son envie de changer de vie à l'orée de la quarantaine, qui le tenaille pendant ses nuits d'insomnie, durant lesquelles il s'adonne à l'écriture.

Certains passages sont très parlant pour qui a connu ce genre de milieux, tel le moment où notre héros doit se fader les élucubrations cocaïnées d'un client fidèle, persuadé de réinventer la philosophie alors qu'il énonce quelques banalités...


La mise en scène de Paul Schrader se fait volontiers contemplative, de sorte que le rythme apparaît un peu lent, en particulier durant la première heure, ce qui pourra rebuter les plus impatients.

D'autre part, on observe un décalage entre certains choix esthétiques et l'aspect documentaire du propos : ainsi, la photo stylisée, voire glamour de Edward Lachman, de même que certains décors très typés "studio", apparaissent peu raccord avec le réalisme cru des rues new-yorkaises. Sans doute un parti-pris formel assumé de Schrader...


Car le film surprend également par la tonalité de son dénouement, nettement moins sombre qu'on aurait pu l'imaginer.

In fine, "Light Sleeper" constitue une belle réussite, portrait d'un homme tourmenté en quête de rédemption : un type de héros récurrent dans le cinéma de Paul Schrader, depuis Travis Bickle et "Taxi Driver" jusqu'aux récents "First Reformed" ou "Card Counter".

Val_Cancun

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