Ligne rouge 7000 par Teklow13
Ligne rouge 7000 est un Hawks très étonnant.
Etonnant car totalement ancré dans les thématiques du cinéaste, mais baigné dans une atmosphère un peu désincarnée, presque morbide, qui annonce autant la fin de carrière d’Hawks mais surtout l’arrivée des années 70. Ca donne quelque chose de très étrange, comme s’y l’on voyait un film hollywoodien classique se déliter et tendre vers l’esprit du Nouvel Hollywood (on peu penser à Hellman par exemple).
Tout comme ses deux derniers films, El Dorado et Rio Lobo qui sont des faux remake ou relectures de Rio Bravo, Ligne rouge 7000 est un faux remake de Brumes ou de Seuls les Anges ont des ailes (on pourrait presque aussi dire d’Hatari).
C’est un film de groupe, de communauté, où les éléments qui le composent gravitent autour d’un même pivot, qui est autant un boulot, donc un moyen de revenus, qu’une passion.
C’était l’aéropostal dans les deux films cités en référence, ici c’est la course automobile.
Et ce pivot est envisagé comme étant tout autant créateur que destructeur. L’unique moyen qui permet à la communauté de rester en vie mais qui décime ses membres l’un après l’autre.
Soit en les rongeant de l’intérieur les laissant en l’état de zombie, soit en les détruisant de l’extérieur (sur la piste donc).
Tout ce qui tourne autour de cette activité n’a que peu d’importance, tout ne devient que le reflet ou une rematérialisation de ce que les pilotes vivent sur la piste.
L’esprit de conquête, d’aventure, de victoire, la recherche d’une euphorie, tout ça dans un mouvement de désincarnation, de zombification.
Dès lors, l’unique point d’intérêt qui persiste en dehors du circuit, à savoir les filles, ne devient qu’une compétition parallèle. On n’aime pas, on tente de séduire pour gagner. Et quand cette autre compétition prend trop d’importance on la laisse tomber pour mieux se concentrer sur la piste.
Avec ce film Hawks épure au maximum son cinéma, le dévitalise presque.
Il filme quoi, une succession de scènes où le mouvement permanant des corps et des bolides communique avec un flot de paroles (on peut penser à Death Proof d’une certaine manière) : des scènes de courses, d’accidents, de jeux de séduction, de danse (on danse beaucoup dans ce film),…
C’est vraiment un super film.