Une histoire passionnante comme celle-ci méritait bien un film passionnant.
Fassbinder l'a fait et comme dans Lola, une femme allemande, on retrouve non seulement le monde de la nuit mais les couleurs à la fois si belles et si pâles chères au cinéaste. La moitié du film baigne dans le bleu pâle et une ambiance brumeuse, c'est pas du tout réaliste mais tout simplement magnifique esthétiquement.
L'ironie du film est cinglante : en superposant la chanson à des images de soldats au combat, Fassbinder crée un décalage qui nous montre à quel point l'ampleur que prend cette chanson est finalement absurde comparé à la tragédie des champs de bataille. Le choix d'Hanna Schygulla est aussi parfait : elle est suffisamment charismatique pour incarner un symbole à part entière et surtout l'évolution du personnage. Il suffit de comparer la première fois que Lili Marleen est chanté dans le film à la dernière, avec tout ce qui s'est passé entre les deux prestations : ce n'est plus la même femme.