Dans le contexte de l’Allemagne nazie, le film raconte l’histoire d’un amour impossible entre une chanteuse, Willie, qui devient une figure de proue du régime, et un musicien d’origine juive, Robert.
L’art en temps de guerre.
Le film établit deux visions de la musique. Robert questionne le succès naissant de Willie. Est-elle toujours dans le même camp que lui ou sympathise-t-elle avec les nazis ? Avoir du succès auprès d’eux est-ce de la collaboration ? Où est la limite ? Si elle refusait tout lien avec le régime cela serait louche. Mais jusqu’à quel point peut-on fermer les yeux sur les abominations commises ? Plus elle ferme les yeux, plus le décalage devient profond entre ce qu’il se passe au front et à l’arrière. La scène du concert du Reich en est un exemple parfait. Le montage alterne les jets de fleurs sur la chanteuse avec des explosions dans les tranchées.
Un amour impossible.
Une lumière vaporeuse et étincelante, nimbe tout le film. Elle évoque l’amour de ces deux jeunes amants. Un amour impossible, si ce n’est dangereux, mais dont ils ne se détachent jamais. Peu importe les obstacles, ce large sourire, qui anime son visage, est la seule manière qu’elle a de survivre. Elle observe la folie ambiante ; elle sourit. L’homme qu’elle aime est loin et en danger ; elle sourit. C’est sa façon d’affronter les périls. Elle attend la fin de la guerre, elle est confiante. Elle retrouvera enfin Robert et ils pourront s’aimer.
Cette posture est accentuée par la chanson chantée par Willie, omniprésente dans le film. Cette musique évoque le manque de l'être aimée pour le soldat parti au front. C’est un hymne donnant de la force et du courage aux hommes, un rappel que quelqu’un les aime et les attend quelque part. Willie passe son temps à la chanter, comme pour faire passer le message à distance à Robert, ou peut-être pour se convaincre elle-même que tout ira bien ?
Chef d’œuvre absolu.