Baby Face n'aurait jamais pu voir le jour à l'époque du code de censure. Aujourd'hui, il est le parfait exemple de ce qu'Hollywood pouvait produire avec le parlant au tout début des années 30. Avant que le code Hays n'arrive, avant que cette censure implacable s'abatte sur la production américaine, ce genre de sujets était possible.
Babye Face c'est l'histoire d'une pauvre fille, élevée par son père dans un tripot. Elle est jolie alors il l'utilise pour attirer les clients. Ces derniers, crasseux tout droit sorti des égoûts, la complimentent, la touchent, la désirent. Son père est prêt à tout pour gagner de l'argent, y compris à faire de sa fille une pute.
Lorsque ce dernier meurt, Lily prend la tangente et part pour New York. Elle n'a aucun respect pour les hommes qui ne sont que des porcs pour elle. Riches ou pauvres, tous sont prêts à n'importe quoi pour la posséder. Alors Lily use de ses charmes. Elle drague et couche avec ses supérieurs, célibataires ou mariés, et petit à petit, elle gravit les échelons. Quand la situation semble tourner à son désavantage, elle joue la petite fille piégée par un horrible pervers. Avec son visage d'ange, elle parvient toujours à remporter la partie.
Pas toujours très bien mis en scène et pas toujours très bien joué de la part de certains acteurs, Baby Face est un film qui affiche très clairement son propos. On ne compte plus les regards lubriques jetés sur la jeune fille, les plans implicites sur certaines parties de son corps, le montage pour montrer qu'elle se donne à n'importe quel homme. En bref, le réalisateur Alfred E. Green n'a pas tenu à faire dans la dentelle. Le but fut d'être direct pour provoquer voire choquer.
Baby Face n'est pas un film excellent, mais il est important de le voir car il est le reflet d'une époque qui fut violemment balayée par le code de censure. Et on s'amuse ou l'on s'offusque de voir que de telles productions pouvaient être possible !