Film hongkongais tourné il y a 5 ans déjà et ayant connu un chemin tumultueux jusqu'à son arrivée en salles (interdit notamment de diffusion par le régime chinois), «Limbo» est le genre d’œuvre à vous rester durablement en tête, tellement chacune des images qui la composent vous déstabilise tout en vous fascinant.
Récompensée par le Grand Prix et le Prix de la Critique au festival Reims Polar 2023, cette histoire (plutôt classique) de deux flics devant faire équipe pour arrêter un tueur en série s'attaquant aux femmes et sévissant dans les bas-fonds (et ses poubelles) de Hong-Kong peut au départ rappeler un certain «Seven» de par sa narration policière et son ambiance pluvieuse. Une comparaison dont le film s'éloigne assez vite au cours de son histoire.
Film urbain à l'ambiance pesante et poisseuse, la ville de Hong-Kong y est filmé comme rarement jusque-là, entre ombres et lumières, sublimé par un noir et blanc totalement hypnotique et soulignant encore plus toute la dualité de cette œuvre, entre beauté et horreur. La beauté des images et l'horreur de ce que celles-ci nous montrent et nous racontent (à l'image notamment de ce final tout en tension et en violence exacerbée).
Car si vous cherchiez à retrouver un peu de foi en l'humanité, vous êtes mal tombé avec ce «Limbo».
Histoire de passé, de douleur et de punition, ce film ne laisse pas de place à l'espoir. Et quand il essaie de nous le faire croire, c'est avec toutes les conséquences qui vont avec.
Respect au passage à l'actrice Yase Liu, vu la partition difficile qu'elle a à jouer et l'enfer que son personnage doit traverser.
Entre œuvre virtuose dont vous ne pouvez détourner le regard (pour le meilleur comme pour le pire) et cauchemar éveillé qui ne vous relâchera qu'au moment de son générique de fin, ce polar oppressant est clairement à découvrir en salles, mais aussi clairement à ne pas mettre devant tous les yeux.