Un film vu au Festival de Cannes en mai dernier et qui m'avait laissé une impression mitigée.
La réalisation est impressionnante de maîtrise, comme d'habitude chez Serebrennikov, qui confirme qu'il est l'un des plus grands metteurs en scène actuels, notamment lors d'un plan séquence qui est l'une des plus belles choses que l'on a pu voir au cinéma cette année, où l'on voit le héros traverser toute une décennie en passant de décor en décor, changeant d'époque à chaque fois qu'il ouvre une porte. Mais cette extrême virtuosité et cette surenchère et saturation d'images, de musique et d'effets finissent par fatiguer.
Pour incarner ce personnage sulfureux, à la fois anarchiste, rebelle, déjanté et fasciste, Ben Wishaw crève l'écran mais cela ne suffit pas à compenser l'énorme manque d'empathie que suscite le personnage, détestable en tous points, et dont on finit par se demander s'il méritait qu'on lui consacre autant de temps et d'attention. L'obsession qu'a le film de rendre son héros cool en toutes circonstances se révèle même gênante, notamment lorsqu'il se contente de survoler la dernière partie de la vie de l'écrivain, beaucoup plus problématique (c'est le moins que l'on puisse dire) d'un point de vue politique.
Beaucoup seront gênés par le fait que les personnages russes parlent anglais avec un accent russe tout au long du film, même lorsqu'ils parlent entre eux et que les scènes se passent à l'Est.
En résumé, un film punk, un peu trash et assez bordélique qui mêle de manière pas toujours adroite le biographique et le fantasme, qui manque d'un point de vue sur son personnage, et qui finit donc par perdre le spectateur.
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