Un grand réalisateur pour un grand homme.

Steven Spielberg avait exécuté son grand retour avec Les Aventures de Tintin. Et depuis, les projets de longue date s’enchaînent dans son agenda. En passant par Cheval de Guerre et avant d’entamer le tournage de Robopocalypse, le cinéaste adulé d’E.T., Indiana Jones, La Liste de Schindler et autres Jurassic Park s’attarde ici sur le XVIe Président des Etats-Unis, Abraham Lincoln. Un film prévu depuis 2005 (voir même 1999, année de l’acquisition des droits du livre dont Lincoln s’inspire) qui voit enfin le jour. Le long-métrage sur un homme dont Spielberg rêvait depuis longtemps. Son film est-il à la hauteur ?

Le film raconte les derniers mois de la vie d'Abraham Lincoln, XVIe président des États-Unis, assassiné en 1865, et surtout de son combat pour faire passer le XIIIe amendement de la Constitution des États-Unis, qui mit fin à l'esclavage dans tout le pays, avant la fin de la guerre de Sécession.
Au départ, on pourrait croire que Lincoln possèderait le statut de biopic historique. Il n’en est rien, car le film s’attarde sur le combat du président à imposer le XIIIe amendement. Alors, si vous vous voulez assister à ses débuts à la présidence du pays, à son enfance et d’autres détails de sa vie, passez votre chemin ! Car Lincoln s’attarde vraiment sur les dernier mois de ce grand homme. Et « s’attarde » est vraiment le verbe qui convient, le film se montrant bavard au possible. Aucune séquence épique ou bataille mémorable, juste un enchaînement de dialogues et actions orales pendant 2h30. Plutôt déroutant au début, il faut bien l’avouer. Mais une fois que l’on rentre dans le film, il est très difficile de s’en détacher. Chaque réplique étant écrite avec intelligence, profondeur et même humour par moment. Si Spielberg s’intéresse au XIIIe amendement et donc au combat contre l’esclavage (thème récurent dans son cinéma, présent dans Indiana Jones et le Temple Maudit et Amistad entre autres), il en oublie pas pour autant le personnage et ses proches. Ainsi, si Lincoln ne se focalise que sur une période de la vie du président, cela se montre bien plus passionnant et émouvant qu’un film de même durée sur toute une vie (pouvant omettre des moments importants). Sont dont traités les sujets de la lenteur des décisions politiques (digne des engueulades guignolesques qui se font de nos jours à l’Assemblée), de la connerie humaine (la guerre), l’obsession du titre de leader d’un pays au point d’en oublier sa vie familiale… Et si le film n’est pas visuellement violent, il suffit de 3 scènes à Spielberg pour montrer les horreurs qui sont en jeu. Passionnant, voilà le mettre mot de ce scénario !

Sans oublier que Spielberg n’a rien perdu de son talent de metteur en scène. Car si le scénario se montre lent et bavard, chaque séquence l’est également. Si Lincoln est un film incroyablement posé, c’est voulu ! Et cela, Spielberg c’est approprié cette lenteur de caméra, prenant ainsi son temps à filmer ses acteurs, à donner de l’impact à n’importe quelles répliques. Sans pour autant rendre son film fade. N’étant pas épique, Lincoln est avant toute chose une fresque d’une très grande splendeur. Que ce soit par la beauté des costumes, l’élévation des décors, la magnifique photographie de Janusz Kamiński, la musique toute en finesse de John Williams… Tout ce qui se présente à nous à l’image révèle que Lincoln n’a rien d’un projet réalisé « histoire de ». Mais bien un grand film au petit budget (65 millions de dollars étant insignifiant face aux 200 millions des blockbusters actuels) qui arrive à nous transporter dans son ambiance et dans les tourments d’une figure emblématique de l’Histoire. Si certaines critiques niaient encore le savoir-faire déclinant de Spielberg, Lincoln leur fera ravaler leur mécontentement !

Et si vous êtes encore réticents envers ce film, une chose saura vous mettre d’accord sans aucune protestation, c’est bien le casting. Chaque acteur, sans exception, est une véritable perle ! Rarement j’ai vu un film réunir autant de comédiens aussi bons les uns que les autres ! Que ce soit Sally Field, Joseph Gordon-Levitt, David Strathairn, Jackie Earle Haley… Tous sont brillantissimes. Dépassés malgré tout par un incroyable Tommy Lee Jones et surtout par un divin Daniel Day-Lewis, habité par Lincoln en personne ! Sa ressemblance avec le président est frappante, mais le talent fait évidemment le reste. Si vous devez voir le film, regarder pour tous ces acteurs, tout simplement exceptionnels !

Depuis Tintin, Spielberg remonte la pente à une vitesse presque impossible, faisant oublier le fiasco critique d’Indiana Jones 4. Même si Lincoln ne s’avère pas un film grand public, à cause de son côté posé et bavard assumé, il n’en reste pas moins une très grande réussite de plus de la part d’un réalisateur qui a su donner tout un sens au cinéma. Et vu comment Spielberg est parti, il est insoutenable d’attendre son prochain film.
sebastiendecocq
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le 3 févr. 2013

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