L'Homme qui bâtit l'Amérique moderne...
"Lincoln",que l'on annonçait terriblement bavard et didactique,se révèle in fine comme un grand film politique,complexe juste ce qu'il faut,qui a l'intelligence de se concentrer sur la mise en oeuvre du 13ème amendement de la Constitution,celui sur l'abolition de l'escalavage,par Abraham Lincoln en 1865.Steven Spielberg,aidé par un script mûri durant 10 ans,impose sa vision intimiste et théâtrale des choses,et refuse le spectaculaire,sauf à doses homéopathiques.Il s'impose une fois encore comme le cinéaste à la lisière du classicisme et du modernisme.Ce n'est pas une hagiographie du fameux président américain,qui mit fin à la guerre de Sécession,en même temps qu'à l'esclavage.Lincoln est incarné avec un contrôle total par un Daniel Day-Lewis,seul sur sa planète.Celle des géants,qui confondent leur être avec leur personnage.Une démarche claudiquante,une voix chevrottante et un aplomb à faire pâlir quiconque.Son 3ème Oscar semble dans la poche.Tommy Lee Jones est également impressionnant en progressiste taiseux et incendiaire.Le film restitue toutes les joutes verbales,les négociations houleuses entre les différents membres du Congrès et parvient à faire exister 140 personnages avec une facilité déconcertante.La photographie est encore une fois époustouflante(les jeux d'ombres et de lumière)et la musique de John Williams apparaît seulement aux moments les plus opportuns.C'est un biopic ambitieux et accessible,qui se ménage des plages de respiration humoristiques,et évidemment émotionnelles.Spielberg atteint une sorte d'épure de son art,tout en rendant un hommage sincère à un personnage obsédant et entouré d'une aura de mystère,qui demeurera pour longtemps...