J’ai eu la chance d’assister en avant-première au film Lincoln, lors d’une projection presse organisée par la 20th Century Fox, que nous remercions au nom de l’équipe Millardiz.
La première fois que j’ai entendu parler du dernier film de Steven Spielberg, j’ai d’abord été agacée. Cette année pas moins de 2 autres films parlent de ce personnage historique américain. Dans l’un, le célèbre président traque les vampires, dans le second des zombies… Bref, je me suis posée la question : Pourquoi cet engouement autour de lui ?
Et puis, j’ai vu ce film et j’ai compris. En plus d’avoir été un précurseur, c’était un homme extrêmement charismatique, dont la vie privée était aussi complexe que sa vie politique, voir davantage. Le film traite des 4 derniers mois de sa vie, et plus particulièrement du vote du 13ème amendement, et de la fin de la guerre de Sécession. Spielberg s’est inspiré du livre de Doris Kearns Goodwin, Team of rivals.
Daniel Day Lewis, presqu’aussi vrai que le véritable Abraham Lincoln lui-même, livre une performance sans aucun doute oscarisable. Après avoir passé une année à étudier le personnage, sa manière de bouger, de parler, Day-Lewis est devenu Lincoln. C’est d’ailleurs assez stupéfiant d’observer dans quelle mesure l’acteur disparaît pour laisser place à son rôle. Que ce soit dans les moments personnels et touchants qu’il partage avec sa famille, et notamment avec son plus jeune fils Tad, ou dans ceux appartenant au domaine public, quand il s’entretient avec ses conseillers ou le peuple. Daniel Day Lewis nous convainc du début à la fin.
Le reste du casting est d’une grande richesse, et il réuni de très grands acteurs.
Tout d’abord Sally Fields, la femme de Lincoln : personnage brisée par la mort d’un de ses fils, fragile psychologiquement, et méprisée par le peuple, parce que jugée trop dépensière (elle a rendu sa splendeur à une Maison Blanche qui avait été plus ou moins laissée à l’abandon). Fields n’était pas du tout le premier choix de Spielberg. L’actrice a dû se battre pour obtenir le droit de passer le casting. Le réalisateur l’a trouvé trop âgée pour incarner la première dame. Mais à force d’acharnement, et avec le soutient de son partenaire, et mari à l’écran, elle finira par l’obtenir.
C’est avec une émotion à fleur de peau, et toujours très juste, que l’actrice nous embarque dans la vie privée du président. Elle mêle avec subtilité son rôle de mère déchirée par une situation familiale qu’elle ne supporte plus, et celui du soutien d’un homme, voué à changer l’histoire.
L’autre figure emblématique du film, c’est Tommy Lee Jones. L’acteur crève l’écran ! L’homme est acariâtre, militant et fervent défenseur des droits de l’Homme. Il représente les républicains radicaux. Il est extrême dans ses paroles, dans ses envies, et dans son comportement. L’acteur réalise ici l’une de ses plus belles performances, grâce à des monologues sur mesure. Tout comme Daniel Day Lewis, il se pourrait qu’il décroche un prix aux prochains Oscars.La liste est longue, et il faudrait bien plus d’un article pour pouvoir parler de tous les autres acteurs, je ne ferai donc que les citer : David Strathairn, excellent en conseiller du président, le trio humoristique de l’ombre du président, mené par James Spader, Lee Pace l’opposant démocrate, et enfin l’acteur omniprésent en ce moment, Joseph Gordon-Levitt, qui ne tient ici qu’un petit rôle.
En ce qui concerne l’esthétique du film, chaque plan est un paysage. Spielberg joue énormément avec la lumière. L’une des scènes qui m’a le plus marqué, est celle où le couple présidentiel discute dans la chambre de leur fils disparu. Cette ambiance n’est pas étrangère au travail de celui qui est son chef opérateur depuis de nombreuses années : Janusz Kaminski.
Ce n’est pas un film d’action impliquant certaines lenteurs, mais là où le dynamisme pourrait manquer, les dialogues prennent le dessus. Le film, malgré son caractère dramatique est d’ailleurs souvent drôle. Ce qu’à également extrêmement bien réussi Spielberg, c’est d’arriver à nous tenir en haleine sur un vote dont on connaît le verdict.
Cependant, pour réellement apprécier et saisir la complexité de cette période américaine, je dirais qu’il est presque nécessaire d’être américain. En effet, la guerre de Sécession tout comme Abraham Lincoln lui-même, ne sont pas au programme d’histoire en France. Du coup, pendant le film on est parfois perdu dans les différents conflits et les différents partis. Je conseille aux futurs spectateurs d’aller se renseigner un minimum sur le sujet avant de ce rendre au cinéma.
Le film est très long, 2h29, et j’ai trouvé que LES fins étaient un peu de trop, et qu’il aurait peut être pu les raccourcir. Il est par contre indispensable, à mon avis, d’aller voir le film en VO, le doublage français de Daniel Day-Lewis brisant tout le travail de composition de l’acteur.
Bref, Lincoln est un très bon film. Il traite d’un sujet plutôt méconnu en France, ce qui le rend attractif mais complexe. On ne s’ennuie pas, et rien que pour le jeu d’acteur de Daniel Day Lewis, je vous conseille donc vivement d’aller voir ce film de Steven Spielberg qui sortira en salle le 30 janvier 2013.