Le titre original « This Is Not a Burial, It’s a Resurrection » (ceci n’est pas un enterrement, c’est une résurrection) traduit mieux que le titre français, le voyage entre la vie et la mort que propose « L’indomptable feu du printemps ».
Le film s’ouvre dans une sorte de sombre bar où l’on s’enfonce. Un vieux conteur/musicien récite un poème, récit épique qu’il entrecoupe de musique jouée au lesiba, instrument national du Lesotho dont il sort un rythme rauque fait de souffle, de bourdonnements et de vibrations. Aucune indication de lieu, de sa fonction, de la nature de son texte. Le cinéaste pose ses codes, dimension poétique faite du son étouffé de l’instrument, de lumières orangées, de décor atypique en nous faisant pénétrer de façon merveilleuse dans une autre culture, dans un autre monde, dans la profondeur du récit qui nous attend.
Dans un village isolé du Lesotho, une vieille femme ayant perdu mari et enfant trouve une nouvelle volonté de vivre en insufflant l’esprit de résistance à son village amené à disparaitre, enseveli par la construction d’un barrage. Toute son existence est occupée par la perpétuation d’une tradition qui met sur ces terres du Lesotho le respect des morts au-dessus de tout. Son combat est donc le respect dû aux morts que l’on veut déplacer. Ce n’est pas seulement sa maison qu’on lui demande de quitter, mais sa vie toute entière, son identité, ses morts.
L’indomptable feu du printemps est un film d’une force émotionnelle et narrative d’une puissance rarement vue. C’est un film merveilleux, régal visuel et sonore, prenant et puissant, qui convoque le conte, les légendes, la poésie, les musiques, la splendeur visuelle d’une nature majestueuse ; paysages dans la brume, ciels immenses. Il est porté par une vieille femme au corps fragile mais à la volonté de fer, dont la prestation est impressionnante d’intensité.
Alternant des temporalités différentes et convoquant des références culturelles et des formes de récit éloignées de nos habitudes, le récit peut apparaitre exigeant. Il ne suffit que de se laisser porter par la magie et accepter de se laisser perdre dans la puissance d’évocation des images, des sons et des légendes pour profiter de ce film magique.

kinophil
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le 6 juil. 2021

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