A priori, je regarde toujours d'un air plutôt méfiant les films plusieurs fois nominés aux Oscars.
Mais là, il faut reconnaître que c'est franchement pas mal et Lion fut une bonne surprise.
Il s'agit de l'histoire vraie, hors du commun, de Sarro Brierley, petit garçon indien, perdu dans de malheureuses circonstances, exilé loin de son village, recueilli à Calcutta par un orphelinat, adopté par un gentil couple d'australiens, ayant fait de brillantes études, et à la recherche de ses racines indiennes.
C'est le premier long-métrage de Garth Davis, plus connu auparavant pour la réalisation de séries.
Les acteurs principaux, interprétant Saroo garçonnet, le frère de Saroo et Saroo en homme adulte sont géniaux.
Il faut retenir le nom du jeune Sunny Pawar qui campe Saroo enfant.
Il semblerait que l'une des plus grandes difficultés du casting a consisté à dénicher un garçon capable de camper Saroo à l'âge de 5 ans. L'équipe indienne a travaillé en étroite collaboration avec des écoles et des parents d'élèves dans tout le pays, et a fait passer des essais à des milliers d'enfants. Ces essais filmés étaient visionnés par Garth Davis et son équipe en Australie, avant qu'ils ne se rendent en Inde pour rencontrer les enfants en chair et en os. La rencontre avec le jeune Sunny Pawar a été miraculeuse, d'après le réalisateur, qui a confié : "Il me fallait un garçon qui possédait naturellement 80% du jeu d'acteur que j'allais lui demander, un enfant dont le regard était habité et dont on sentait qu'il avait déjà vécu. Avec Sunny, on était comblé. C'était un gamin pas comme les autres. C'était absolument sidérant de voir qu'il insufflait à son jeu quelque chose qu'on ne lui demandait pas".
Dev Patel, qui joue Saroo jeune adulte, crève l'écran. Je l'avais découvert, comme beaucoup de monde, dans Slumdog Millionaire et il m'avait déjà subjuguée.
Tout le début du film, relatant la petite enfance de Sarro en Inde, est vraiment passionnant et les paysages sont merveilleux. On est totalement transporté ailleurs et c'est génial.
Saroo a une maman qui travaille dur et soulève des tonnes de cailloux, un grand frère qui est son modèle et qui l'emmène partout, des moments de labeur, un petite sœur à garder et aussi des moments de bonheur, comme les bains dans la rivière et surtout les jeux avec son grand frère.
On sent une vitalité chez Sarro qui est assez extraordinaire. Il veut être de toutes les aventures de son frère. Il veut aider sa maman. Il veut soulever des montagnes, au sens propre comme au sens figuré. Cette force de caractère lui sauvera la vie plus tard.
Malheureusement ce bonheur de la petite enfance va s’arrêter brutalement.
On saisit alors toute la brutalité que subissent les enfants de la rue de Calcutta et toute leur misère. Les scènes dans la gare, dans la rue et celles dans orphelinat (avec la petite fille, amie de Sarro) sont saisissantes.On maudit les personnes qui veulent s'emparer du petit garçon et l'envoyer dans on ne sait quel réseau de prostitution.
On mesure alors plus tard ce à quoi il a échappé et comment dans son malheur; il a eu beaucoup de chance.
Le destin de Sarro va totalement basculer le jour où l'orphelinat le confiera à un couple de riches australiens. La mère est interprétée par la toujours talentueuse Nicole Kidman.
Malheureusement, j'ai trouvé l'ellipse entre l'arrivée en Australie et la période de fin d'études beaucoup trop grande. J'ai été fortement déçue de ne pas suivre l’adaptation du garçonnet en Australie et son enfance avec son petit frère, adopté à sa suite.
Par la suite, le récit des tergiversations de Saroo, avant qu'il ne se décide à partir en Inde, est trop long et comporte de nombreuses scènes redondantes. Seule la scène où il reconnait son village natal sur Google Earth (grosse pub, mais bon c'était l’histoire d'origine) était vraiment sympa.
La fin est en revanche assez extraordinaire, tellement pleine d’émotions et si bien interprétée.
Petit bonus vraiment super : on visionne au générique les images des retrouvailles entre le vrai Saroo, et ses deux mamans. Que d'émotions !