On embarque dans la mésaventure de Saroo, un petit garçon indien qui va se perdre alors qu'il accompagne son grand frère travailler, en prenant un train malgré lui. Il va ainsi traverser de nombreuses villes et arriver dans une région de l'Inde qui lui est totalement inconnue avec pour seules informations sur ses origines : son prénom et un nom de village très approximatif.
Et pour embarquer, on ne le fait pas à moitié. On sent dès les premières images du film le potentiel du réalisateur et la poésie par laquelle on va être submergés. Les images sont d'une beauté extraordinaire et opposent très bien les paysages incroyables aux dures conditions de vies de la population de ces petits villages. Garth Davis me redonne l'envie de découvrir cette culture, que j'avais déjà adoré dans le Un+Une de Claude Lelouch. Les plans de nuit du début m'emportent totalement et dépeignent les moments mouvementés avec autant d'intensité que ceux plus calmes où l'inquiétude et la tristesse prennent plus de place. Les plans serrés sont eux aussi d'une justesse tellement convaincante que je crois qu'on comprendrait l'histoire même sans les dialogues. Chaque image qui montre l'Inde est remplie d'émotion comme si quelque chose de naturellement spirituel s'émanait de ces paysages, de ce pays, et les acteurs lui rendent si bien. Quoi de mieux pour rendre le tout encore plus beau que les musiques de Dustin O'Halloran toujours aussi splendides ? Tout est sublimation dans ce film et la caméra de Garth Davis le fait d'une très belle manière.
L'histoire est divisée en deux parties distinctes mais pourtant très liées. On découvre d'abord Saroo enfant qui vient nous renverser par sa force et son intelligence. Ses cris nous transpercent le coeur et on se souviendra longtemps de sa voix toute fragile lorsqu'il appelle son frère Guddu au milieu des foules. Puis Dev Patel prend le rôle du Saroo vingt ans après et nous entraîne à nous battre avec lui. On tente de se souvenir à ses côtés et de l'épauler comme le fait délicatement la douce Rooney Mara dans le rôle de sa petite amie. Saroo évolue mais n'en reste pas moins perdu dans la deuxième partie du film. La sincérité des acteurs qui jouent Guddu est la même que ceux qui jouent Chiron dans Moonlight ; leur force et leur détermination sont impressionnantes et ne changent pas avec les années. Je m'attendais honnêtement à pleurer durant deux heures en voyant la bande annonce, mais il y a comme une force qui ressort de ce film grâce à la puissance des personnages et des images qui nous pousse au contraire à résister, jusqu'à la fin. Le bonheur et la beauté de ce final espéré mais avec sa part de mystère clôt le film de manière envoutante et touchante comme il l'est sur sa sa totalité.
Lion est un diamant brut que je recommande avec les yeux qui brillent. Pour l'amour des images et des histoires bouleversantes, merci.