Gentiment poussé à la porte de la Paramount en 2006 (faire le kéké sur le canapé d'Oprah Winfrey au lieu de faire la promo de War of the Worlds n'aura pas aidé), Tom Cruise décida alors, en compagnie de son associée Paula Wagner, de racheter United Artists, studio quelque peu maudit trouvant toujours le moyen d'être au bord de la faillite. Le premier film a sortir sous cette nouvelle direction sera donc Lions for Lambs, réalisé par Robert Redford.
Un projet ambitieux et prometteur, qu'il s'agisse de son sujet (les répercussions de la guerre en Afghanistan) ou de sa distribution, Cruise producteur se gardant le rôle d'un sénateur aux côtés du couple mythique de Out of Africa, Meryl Streep / Robert Redford. Avec un budget estimé à 35 millions de dollars pour un résultat au box-office américain de 15 millions, le film sera considéré comme un échec, même si les scores à l'international relativiseront la déculottée.
Construit à partir de trois récits parallèles, Lions for Lambs théorise pendant une bonne heure et demie sur la géo-politique du pays, sur les retombées d'un conflit s'enlisant depuis six ans. L'occasion pour le cinéaste d'ouvrir un débat passionnant et d'aborder des questions aussi bien sociales, économiques, politiques, philosophiques ou stratégiques.
Malheureusement, si ce questionnement tien sans peine en haleine, et si les comédiens font le boulot, le manque total d'envergure de la mise en scène, mêlant platitude et effets tire-larmes, en réduit drastiquement l'impact. On regrettera également une tendance à un certain manichéisme anti-productif, les opinions politiques de Redford étant bien trop transparentes là où une impartialité totale aurait été peut-être plus judicieuse. A moins de faire preuve de mordant, de taper là où ça fait mal, ce que ne fait jamais Lions for Lambs, bien trop sage.
Trop gentil, trop partisan et pas assez corrosif, Lions for Lambs est un exercice de théorisation loin d'être inintéressant, plein de bonne volonté mais qui ne décolle jamais et qui reste malheureusement à la surface des choses, comme s'il n'osait jamais vraiment prendre son sujet à bras le corps et se mouiller un peu.