Lisa et le Diable par Teklow13

Lisa fait du tourisme dans une vieille ville italienne. Son groupe s'arrête devant une fresque murale représentant le diable qui attrape une jeune fille blonde.
En écoutant le guide aborder la résistance de cette œuvre à travers les temps, elle remarque aux alentours une grande arche. Elle s'éloigne du groupe et s'y engouffre. Un peu plus tard elle tombera sur une maison, aux occupants, plutôt étranges.
Cette idée de passage, de porte vers un autre monde, évoque un peu de l'autre coté du miroir. Lisa est également une sorte d'Alice, blonde, un peu curieuse, et qui va dégringoler dans le terrier du lapin blanc. Bava semble proposer sa version de cette œuvre, tout du moins il utilise, en le détournant, son postulat de départ. Les thèmes abordés sont ainsi différents, et sont évoqués dans et par l'image mais dans un but ironique car les finalités sont toutes autres. Des finalités qui ne vont pas très loin toutefois, sans réel recul, et qui empêchent le film de n'être davantage qu'un fantastique B, aussi réussi soit-il.
Formellement ce n'est pas aussi abouti que les grandes réussites de Bava, mais le cinéaste a cette capacité d'attirance. Comme le diable aimante la jeune fille, il attire le spectateur dans son monde étrange et macabre. Pas avec le scénario, assez classique, mais par la mise en scène et le montage. Lisa et le diable est peut être son film le plus libre, il tente beaucoup de choses en matières d'images, de tons. Il trouble la frontière entre vivant, mort et objet, peut parler de désir, de pureté, de nécrophilie et cruauté dans un même plan. Il parvient a créer des décalages, au montage et au sein même du plan. Il dévie le regard et engendre un vrai sentiment dérangeant.
Un Bava vraiment pas mal du tout.