Forcément, lorsqu'Arthur Penn s'attaque au western, on se doute bien que c'est pour nous offrir une lecture différente de celle qui peut nous être offerte habituellement... Et on a raison. Récit picaresque et humaniste, parfois proche de la farce tout en pouvant faire preuve du plus grand tragique, "Little Big Man" est un western qui ne ressemble à quasiment aucun autre, que ce soit dans ses choix de mise en scène ou ses personnages, surprenants et très loin de l'image habituelle de l'"Ouest". Ce qui est également intéressant, c'est de voir ce héros à la fois attachant et complètement passif subir totalement les événements sans rien pouvoir y faire, comme s'il était spectateur de sa propre histoire.
Certains moments sont irrésistibles, que ce soit par l'humour dont fait preuve Penn, notamment dans la première partie, d'autres inoubliables par leur violence et leur brutalité (le massacre de Little Big Horn, effrayant), l'auteur de "La Poursuite impitoyable" trouvant presque constamment le ton juste pour mener à bien son entreprise d'"anti-western classique", sans pour autant être à un seul instant irrespectueux des classiques du genre.
Et comme l'interprétation est au diapason, de ceux ne faisant que passer aux seconds rôles plus conséquents (Faye Dunaway et surtout Richard Mulligan dans un ahurissant numéro de bouffon "grandiose" en général Custer complètement illuminé), tandis que Dustin Hoffman, au jeu volontairement "effacé", livre en définitive une prestation des plus subtiles. C'est sans doute un peu long (notamment sur la fin), mais difficile de remettre en cause l'importance de l'œuvre aujourd'hui, l'une des premières à avoir su démythifier avec autant de brio et de panache la légende de l'Ouest américain : incontournable.