1970, les américains fourvoyés dans la guerre du Vietnam, perdent leurs illusions.
Arthur Penn mais aussi Robert Altman avec Mash se chargent d'ouvrir les yeux de leurs concitoyens mûrs pour entendre les vérités qui fâchent.
Si second est frontal, la guerre de Corée évoquant furieusement la guerre du Vietnam, le premier plus ambitieux n'hésite pas à nous plonger aux *racines du mal,*les temps héroïques du western que le cinéma jusque là magnifiait.
Maisà l'inverse, là où Altman s 'éclate à nous faire rire avec son humour féroce, irrévérencieux, prenant de la distance vis à vis du sujet, Penn s'enferme quelque peu dans le propos sentencieux, à l'image du plus que centenaire rabrouant le jeune blanc-bec ignorant, "tu veux une leçon d 'histoire, tu vas en avoir une"...
La leçon est aussi simple que manichéenne, les indiens étaient de gentils "bon sauvage", qui nous amusent de leur naïveté et leur enfance de l' âme, le réalisateur n'oubliant pas d'ailleurs de remercier à la fin le peuple cheyenne pour sa contribution, alors que les blancs furent des colonisateurs violents et cruels, bref Penn refait l' histoire du côté des vaincus, afin de régler ses comptes à une Amérique massacrant des innocents au Vietnam comme autrefois elle le faisait avec les indiens.
La succession de saynètes, les aller- retours constants de Jack, proprement "jouet de l' histoire", entre les indiens et les blancs, donnent le tournis. Qu'il ne choisisse pas son camp aurait apporté une ambiguïté bienvenue...
Toutefois, la première partie du film est un délice, quand Penn dézingue le Far west avec un Dustin Hoffman jeune foufou presque délirant. Mais dès que la désillusion fut venue, un épisode tragique, admirablement filmé qui fait écho à la fin de Bonnie and Clyde, je me suis senti accablé et un peu las, commençant à trouver la descente aux enfers un peu longue, sauvée par la géniale interprétation de Custer par Mulligan et celle du grand père adoptif de Jack, arrosé par la pluie...
Arthur Penn au sommet de son art de la mise en scène a su trouver en Dustin Hoffman un interprète de génie, parvenant aussi bien à nous toucher en jeune puceau ( le Lauréat), à nous faire rire en apprenti cow boy ( macadam cow boy? ) et à nous faire pleurer en victime de la violence des hommes ( chiens de paille )... étrange comme **Little big man résume sa filmo de l' époque...Impensable qu'il ne fut pas sélectionné aux oscars comme meilleur acteur, mais le film fut boudé par Hollywood, lui préférant Patton, plus conforme au rêve américain...
Ah les rêves du grand-père, la découverte parfois burlesque du peuple des "humains", le déchirant massacre de Washita au son de Garryowen qui vous fait saigner le coeur.
Autant de moments qui rendent ce western aussi inégalable qu'inclassable.
Vingt ans plus tard, Costner osera ce pari similaire de revisiter le western côté indien, Danse avec les loups. Débarrassé du contenu polémiste, moins virtuose et plus hollywoodien, il dresse toutefois un portrait plus juste du peuple des "humains". Depuis ils sont retombés dans l'oubli, tandis que le western éternel genre agonisant depuis quarante ans, a laissé place aux films issus de Comics...