Ce western, je le connais depuis les années 75 où je l'avais vu une première fois au cinéma. Soyons honnêtes, à l'époque, je n'avais pas été emballé alors que tous mes copains l'avaient apprécié. J'ai le DVD depuis longtemps (15 ans environ) et avais donc revu ce western à cette occasion. Avec le recul des années par rapport à la première fois, j'avais un peu mieux apprécié mais toujours sans enthousiasme. Au point que je n'avais pas tellement envie de le revoir et reculais pour en faire mon pensum habituel sur SC.

Il faut quand même que je reconnaisse que l'idée générale est bien et même astucieuse. Arthur Penn met en scène un vieil homme, Jack Crabb, de 121 ans (en 1970) qui a vécu alternativement chez les blancs et chez les indiens, devenu un témoin précieux de ces périodes troublées de l'Ouest américain. Capturé par les Cheyennes à l'âge de 10 ans après le massacre de ses parents vers 1860 par des Pawnies, il est à pied d'œuvre pour vivre "de l'intérieur" les différentes guerres indiennes avec les massacres d'indiens comme Wichita (1868) et surtout la victoire indienne à Little Big Horn en 1876.

Il semblerait (le conditionnel s'impose car ne résulte que d'une lecture dans une revue consacrée aux westerns) que Arthur Penn aurait poursuivi un double but au-delà du plaisir de refaire un western après "le gaucher". Il en profite alors pour stigmatiser dans ce western la politique extérieure américaine au Vietnam (comportement de l'armée à My Lai, entre autres) à travers les massacres perpétrés un siècle plus tôt dans l'Ouest américain.

Mais revenons à une lecture au premier degré du western. Le personnage, Jack Crabb est plus un témoin qu'un héros puisqu'il ne participe que rarement directement à l'action. Bien souvent, il fait semblant comme dans sa rencontre avec W.B. Hickock. Son rôle de témoin le place toujours du mauvais côté mais le fait passer à travers les gouttes de l'Histoire de sorte à voir beaucoup d'évènements :

"quand ce n'était pas un Indien qui voulait me tuer parce que j'étais blanc, c'était un Blanc qui voulait me tuer parce que j'étais indien".

Oui, l'idée générale est donc bien sympa. Le problème c'est dans la réalisation que je m'y retrouve moins car les différentes périodes font passer le film par différentes tonalités. On passe de passages très beaux (Jack Crabb avec son "grand père" indien ou avec Sunshine) à des scènes quasi burlesques qui cassent le rythme, de mon point de vue. De passages très forts comme le massacre des femmes et enfants d'une tribu indienne on passe à des scènes désinvoltes (celles concernant le général Custer, par exemple).

C'est clair que ce que je préfère dans ce western, ce sont les scènes touchantes qui se passent dans le camp des Cheyennes où Jack Crabb est adopté et rebaptisé "Little Big Man" par le chef "Peau de la vieille hutte". Ou les scènes émouvantes avec la mignonne "Sunshine".

Côté distribution, Jack Crabb est interprété par un Dustin Hoffman inspiré. Avec son air toujours un peu paumé et le nez en l'air, il correspond bien au personnage qui est capable de vivre dans les deux civilisations indienne ou blanche. Même si on sent un penchant plus fort vers la sagesse indienne plutôt que dans l'atmosphère guindée et faux cul de sa famille d'accueil protestante ou, plus tard, avec son épouse suédoise qui se fera kidnapper par des indiens sans qu'il ne bouge un orteil (ce que je comprends, d'ailleurs)

Chief Dan George joue le rôle du grand-père d'adoption, plein de sagesse ; je dirais même que c'est certainement dans le film, le personnage que je préfère.

Faye Dunaway est une grande actrice (tout le monde le dit, donc c'est sûrement vrai) mais que j'apprécie, en général, peu. La beauté sensuelle et glaciale … Et ici elle ne déroge pas à mon oximore foireux. D'abord c'est l'épouse sexuellement frustrée d'un pasteur (pas rigolo du tout) puis une prostituée tout aussi frustrée mais, cette fois, dans l'autre sens. J'aurais bien tendance à être un peu comme Dustin Hoffman à son égard : courage, fuyons

Pour résumer, ce western se veut être une fresque qui retrace avec ironie et causticité les différents aspects de la conquête de l'ouest que ce soit les massacres des indiens ou le comportement des colons entre eux. L'alternance des genres, les longueurs de certaines scènes, les personnages burlesques ou ridicules finissent par générer, chez moi, une certaine lassitude voire même, carrément, un désintérêt.

La note : difficile de dire que j'apprécie vraiment le film. Impossible de dire que je n'aime pas le film car j'aime les séquences chez les Cheyennes que je trouve bonnes même si j'aurais aimé qu'elles soient un peu plus développées. J'apprécie les performances de Dustin Hoffman ainsi que de Chief Dan George. Ce sera donc 5 …


JeanG55
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Westerns et Les meilleurs films de 1970

Créée

le 29 nov. 2024

Critique lue 18 fois

6 j'aime

1 commentaire

JeanG55

Écrit par

Critique lue 18 fois

6
1

D'autres avis sur Little Big Man

Little Big Man
Sergent_Pepper
9

Confusions d’un enfant du siècle

Qu’un cinéaste au regard aussi acéré et lucide qu’Arthur Penn s’empare de la question indienne est une véritable aubaine. C’est évidemment l’occasion d’un regard qui va, à la suite des Cheyennes de...

le 23 avr. 2016

85 j'aime

4

Little Big Man
DjeeVanCleef
10

Les Extravagantes Aventures d'un visage pâle.

Mes parents d'abord, mes voisins assez vite puis les gens qui, aujourd'hui partagent ma vie.Tout le monde déteste que je regarde ce film, et ce depuis toujours. Pourquoi ? Parce que c'est tous des...

le 21 déc. 2013

84 j'aime

27

Little Big Man
Aloysius
9

L'âme e(s)t la richesse

Little Big Man, contre toute attente, a gravé quelque chose en moi, une sorte de souvenir indicible et ambigu, teinté de respect, d'admiration, d'engouement et de surprise. Je pense à un long-métrage...

le 24 oct. 2011

64 j'aime

12

Du même critique

L'Aventure de Mme Muir
JeanG55
10

The Ghost and Mrs Muir

Au départ de cette aventure, il y a un roman écrit par la romancière R.A. Dick en 1945 "le Fantôme et Mrs Muir". Peu après, Mankiewicz s'empare du sujet pour en faire un film. Le film reste très...

le 23 avr. 2022

25 j'aime

9

125, rue Montmartre
JeanG55
8

Quel cirque !

1959 c'est l'année de "125 rue Montmartre" de Grangier mais aussi des "400 coups" du sieur Truffaut qui dégoisait tant et plus sur le cinéma à la Grangier dans les "Cahiers". En attendant, quelques...

le 13 nov. 2021

25 j'aime

5

La Mort aux trousses
JeanG55
9

La mort aux trousses

"La Mort aux trousses", c'est le film mythique, aux nombreuses scènes cultissimes. C'est le film qu'on voit à 14 ou 15 ans au cinéma ou à la télé et dont on sort très impressionné : vingt ou quarante...

le 3 nov. 2021

24 j'aime

19