On retrouve ici toute la sensibilité dont fait souvent preuve Rachid Bouchareb, son amour pour les personnages, les relations humaines complexes et souvent fragiles... Œuvre sereine et posée, « Little Senegal » commence comme une quête et une réflexion sur le passé du héros (élément imprégnant le film du début à la fin) pour ensuite se diriger vers une sorte de « comédie » dramatique, ce qui est beaucoup dû à la vigueur des dialogues, la répartie dont font preuve plusieurs personnages et cette volonté chez Bouchareb d'avoir toujours un regard nuancé sur chacun de ces protagonistes.
Loin du simple plaidoyer antiraciste, le futur auteur d' « Indigènes » montre au contraire une vision à contre-courant, à l'image de noirs américains installés depuis longtemps et montrant une réelle indifférence, si ce n'est un profond mépris quant aux noirs africains venus les « envahir »... Après, c'est un rythme particulier : lent, calme, où il se passe beaucoup et peu de choses à la fois. À défaut d'être captivant, voilà donc un film subtil, touchant et parfois profondément mélancolique, une vision personnelle et originale d'une certaine Amérique et de ses immigrés : à découvrir.