Quand le Kawaii Metal débarque en force

.. // IL ETAIT UNE FOIS MOI-MEME // ..
Il y a des jours comme ça, on a beau avoir passé la quarantaine, quand on cherche sur le net s'il existe une version remixée ou une reprise de qualité de Painkiller (Judas Priest 1990) et que l'on tombe sur une vidéo d'un duo entre ce bon vieux Rob Halford (65 ans tout de même) et une asiatique habillée en loligoth, le tout en live, on se dit qu'il se passe quelque chose d'étrange. Toujours à la recherche de nouveautés en matière de Metal, d'un son qui fait du bien, qui réveille et secoue les neurones, je creuse la question pour avoir le fin mot de l'histoire et savoir d'où sortent cette adorable japonaise et ses deux copines qui la rejoignent quelques instants plus tard sur Breaking the Law (Judas Priest 1980 ... bordel, je creuse ma tombe là).

.. // QUI EST BABYMETAL ? // ..
Babymetal (un nom franchement ridicule il faut l'avouer) est un groupe d'Idols japonaises qui s'est spécialisé dans le "Kawaii Metal" (c'est toujours mieux que le Babymetal). Lancé en 2010, alors que ses trois égéries n'avaient que 10 ans pour YuiMetal et MoaMetal (qui composent le sous-bloc "Black BabyMetal"), et 12 ans pour SuMetal (la chanteuse principale), et qu'elles n'y connaissaient rien en Metal (faut bien commencer un jour et dans leur cas, c'est toujours un peu plus tôt que moi à l'époque), le groupe profite actuellement d'une renommée inattendue. Non content d'avoir poussé la chansonnette avec Rob, cet adorable trio qui ne dépasse pas le mètre soixante pour la plus grande (SuMetal) a également rencontré des célébrités de la musique, tombées sous leur charme. Lady Gaga, Carcass, Anthrax, Dragonforce, Megadeth, Metallica, Gun's and Roses et j'en oublie, ont clairement contribué à leur exposition médiatique et leur essor international.

.. // LA JPOP ET LE METAL // ..
Je n'ai rien contre les Idols japonaises, souvent très jolies, habillées pour faire fantasmer les otakus et gamers (ah tiens, je suis gamer... ok), mais dont la musique n'est pas franchement à mon goût. J'ai quand même beaucoup apprécié toute la partie consacrée à Haruka dans Yakuza 5, tout comme j'ai pu passer outre le manque d'originalité du monde de la JPop dépeint dans Tokyo Mirage Sessions #FE (et surtout sa bande son pénible). Je trouve également Hatsune Miku assez intéressante et certains titres plaisant, même si je suis plutôt mauvais dans ses jeux. De là écouter ce style musical en boucle, non merci. Il en va tout autrement avec Babymetal qui réussit le tour de force d'intéresser un large public de metalleux de part la qualité de certains titres, l'énergie qu'elles dégagent sur scène, et pour être honnête, parce qu'elles sont franchement mignonnes (et toutes majeures en 2017... on se calme). Il n'en fallait pas plus pour que je fasse le tour du net afin d'en voir un maximum, pour au bout du compte être convaincu qu'il me fallait avoir ce Blu-ray.

.. // DITES-LE SI J'SUIS TROP LONG // ..
Pour en finir avec cette introduction, j'avoue qu'il est encore difficile de définir le style de Metal du groupe qui, pour certains, bouffe à tous les râteliers (version positive : expérimente tout ce qui existe en Metal). Il ne faut donc pas oublier que cela reste un groupe d'Idols, donc très drivé et marketé par son agence Amuse Inc. A l'instar de toutes les Idols, SuMetal, YuiMetal et MoaMetal se sont donc connues sur les bancs de leur StarAc locale, ont été choisies pour faire ce groupe, et sont tenues d'être irréprochables à tous les niveaux. Cela implique par exemple qu'elles sont contractuellement célibataires (pour ceux qui nourriraient un infime espoir). Cependant, leur dernier album (Metal Resistance) montre qu'elles progressent et se donnent toujours à fond, en attendant d'avoir peut-être un jour, un style bien à elles... si tant est qu'elles le veuillent. Après tout, le conformisme n'est pas du tout une nécessité, loin de là.

.. // RED NIGHT & BLACK NIGHT AT BUDOKAN OVERVIEW // ..
Voilà on y vient. Sorti en janvier 2015 au Japon et en octobre 2015 chez nous, ce Live at Budokan continent les concerts live "Red Night Legend - a Big Corset Festival" (1er mars 2014) et "Black Night Legend - "Doomsday" Ceremony of Summoning" (2 mars 2014) donnés au Nippon Budokan de Tokyo. Je n'ai pas toujours cherché à comprendre les paroles qui ne sont de toute façon pas plus ridicules pour moi que n'importe quel groupe de Metal qui parle de manipulations gouvernementales, de fin du monde, de satanisme et j'en passe. Sans être le moins du monde critique musical, voici donc mon avis ultra subjectif sur les titres (avec une note sur 5) :

.. // RED NIGHT LEGEND - A BIG CORSET FESTIVAL // ..
1. Megitsune >> Ca commence fort avec l'un de mes morceaux préféré. 5/5
2. Doki Doki ☆ Morning >> Très joyeux. Il se laisse écouter. 4/5
3. Gimme Chocolate!! >> Hors norme. J'adore. Tout comme le chocolat d'ailleurs (mais chuuuuut). 5/5
4. Iine! >> Touche inattendue de rap. Puis replonge dans du gros son. Amusant. 3/5
5. Catch Me If You Can >> Excellente introduction instrumentale du Kami Band (le groupe qui accompagne notre trio). Un morceau simple qui reste en tête. J'aime beaucoup. 5/5
6. Uki Uki ★ Midnight >> Je n'accroche pas plus que ça, mais il se glisse bien dans l'ensemble du show. 3/5
7. Mischiefs of Metal Gods >> Nouveau passage instrumental du Kami Band. 5/5
8. Rondo of Nightmare >> SuMetal en solo dans un superbe titre empreint de mélancolie. 5/5
9. Onedari Daisakusen >> Les Black BabyMetal dans un adorable morceau où elles jouent les pestes voulant soutirer de l'argent à leur père. J'adore. 5/5
10. Song 4 >> Les Black BabyMetal toujours. Un titre étrange mais pas désagréable. 4/5
11. Akatsuki >> Oh tiens, une balade champêtre. Ah non, le Metal revient en force très rapidement avec un agréable côté épique. 4/5
12. Babymetal Death >> Une sorte d'échauffement et de présentation du groupe. Il montre qu'avec peu, on peut faire beaucoup. 5/5
13. Headbanger >> LE titre qui m'a fait adorer Babymetal. A noter que YuiMetal disparait pendant cette chanson (le public crie son nom à la fin du morceau), après être tombée de la scène, hors caméra. Plus de peur que de mal puisqu'elle revient au titre suivant, sans blessures apparentes (impossible d'avoir le fin mot de l'histoire, le groupe n'ayant jamais été autorisé à en parler). 5/5
14. Ijime, Dame, Zettai >> Du bon Speed Metal entrecoupé de passages plus posés. Cette fois c'est MoaMetal qui fait une chute et retient ses larmes pour faire bonne figure jusqu'au bout. Pro jusqu'à la dernière seconde. 5/5

.. // BLACK NIGHT LEGEND - "DOOMSDAY" CEREMONY OF SUMMONING // ..
1. Babymetal Death >> voir Red Night ... en précisant que ce titre en début de show a pour moi plus de sens qu'à la fin.
2. Iine! >> voir Red Night
3. Kimi to Anime ga Mitai (Answer for Animation With You) >> une amusante introduction à Onedari Daisakusen, sous forme d'un animé.
4. Onedari Daisakusen >> voir Red Night
5. Song 4 >> voir Red Night
6. No Rain, No Rainbow >> Seul nouveau titre de ce show. Une véritable balade cette fois. Pas mon truc mais ça passe. 3/5
7. Akatsuki >> voir Red Night
8. Catch Me If You Can >> voir Red Night
9. Uki Uki ★ Midnight >> voir Red Night
10. Gimme Chocolate!! >> voir Red Night
11. Mischiefs of Metal Gods >> voir Red Night

12. Rondo of Nightmare >> voir Red Night
13. Megitsune >> voir Red Night
14. Ijime, Dame, Zettai >> voir Red Night
15. Doki Doki ☆ Morning >> voir Red Night
16. Headbanger >> voir Red Night
S'en suit un générique et le final nous narrant le départ du Trio. A regarder sans en perdre une miette, jusqu'au bout.

.. // CONCLUSION // ..
Une belle image. Un son excellent. Un spectacle bien filmé avec un montage efficace. Quant au Kawaii Metal, c'est un mélange détonnant de Metal bien lourd et puissant, de JPop qui passe plutôt bien, d'élans électro ça et là, et d'un soupçon de piano pour appuyer certains passages. Ça marche diablement bien (désolé Nergal, on ne sera pas amis pour la vie du coup) et niveau originalité, je suis servi.

LE gros point noir de ce Blu-ray, c'est l'absence de sous-titres occidentaux. Même l'anglais comme langue unique j'aurais été ravi. Il est très frustrant d'être largué pendant les diverses présentations et narrations, la faute à l'unique sous-titre en japonais. Idem côté bonus puisqu'il n'y a rien de rien. Même pas un misérable fond d'écran PC en 4K, ou les versions mp3 des titres pour pouvoir les mettre dans la voiture sans en passer par un encodeur, ou à la rigueur des interviews. RIEN.

Reste que pour ma part, le résultat est là. Après des années de heavy, speed, melodic, symphonic, trash, grind, deathcore, death, black et tout ce qui veut bien se brancher au Metal, je valide le Kawaii Metal sans problème. Pour ceux qui hésitent encore, je ne saurais trop vous conseiller d'aller chercher sur le net les vidéos de Death et Headbanger [Legend 1997 Apocalypse HD], histoire de commencer en douceur. Si vous saignez des oreilles et trouvez ça insupportable, oubliez Babymetal. Ne vous y trompez pas toutefois. Derrière ses airs de groupe marketing se cache une véritable pépite qui met aussi en valeur des pointures du monde japonais de la musique. BABYMETAL ? APPROVED.