Autant pour le rêve américain

Les films de gangsters, codifiés depuis les années 30, ont finalement peu évolué depuis lors même si les Scorsese, Coppola, de Palma et Mann, entre autres, lui ont donné de la densité et un sens du baroque. Live by Night, dès son titre référentiel, s'abrite sous les auspices des premiers millésimes et ne prétend pas sublimer le genre. Non qu'il n'ait pas d'ambition, la première résidant dans une reconstitution clinique (presque trop) dans les costumes, les voitures et tutti quanti. Les scènes de fusillades et de poursuites sont de bonne tenue et la mise en scène élégante de Ben Affleck se meut parfaitement dans l'Amérique de la Prohibition. Le film trace un portrait intéressant du pays dans la décennie d'après première guerre mondiale : séquelles du conflit, immigration, racisme, inhibitions morales et mafias communautaires, de Boston à Tampa. Une certaine idée du rêve américain et du vice et de la vertu incarnée pleinement par le personnage d'Elle Fanning. Cette dernière fait d'ailleurs partie d'une liste impressionnante de seconds rôles marquants (Sienna Miller, Zoe Saldana, Chris Cooper, Brendan Gleeson) qu'on aurait pourtant aimé plus présents. Live by Night s'attache énormément à la personnalité de son héros, avec ses ombres et ses contradictions, en en faisant in fine pratiquement un héros désenchanté et romantique à la Fitzgerald. Et la faute de goût majeure réside dans le choix d'avoir confié le rôle au trop statique et peu expressif Ben Affleck. Quelqu'un pourrait-il évoquer le problème de casting au réalisateur ? Hum.