Une femme quitte à la nage le paquebot où elle se trouvait avec des amis pour nager sur l'ile la plus proche. Où vit un homme renfermé qui n'a que son chien comme compagnie. Un peu outrée au départ par la rudesse du monsieur, la dénommée Liza se laisse peu à peu séduire jusqu'à se laisser totalement abandonner à lui. Mais comme elle le veut pour elle seule, elle va même jusqu'à tuer le chien, et devenir auprès de cet homme sa chienne.
Inutile de dire qu'aujourd'hui, un tel film serait brûlé sur la place publique et pourtant, Catherine Deneuve ose quelque chose de totalement fou ; se dépersonnaliser au point d'avoir un collier et sans aller jusqu'à aboyer, elle devient un animal aux yeux de cet homme, joué par Marcello Mastroianni, qui fut son compagnon, au nom de cet amour.
Quelque part, malgré ce sujet provocant, Marco Ferreri parle d'une forme extrême de l'abandon de soi face à quelqu'un qu'on aime de façon démesurée, le tout filmé avec des couleurs solaires et l'implication totale des deux acteurs. On retrouve aussi Michel Piccoli dans la partie consacrée à Paris, où Mastroianni revient pour aider son ex-femme, avec toujours Deneuve qui ne dit mot, mais cette apparition est plus un clin d'oeil cinéphile qu'autre chose. Dommage cependant que le réalisateur n'ait pas su choisir une fin convenable, avec le retour sur l'ile, mais en tout, le sujet est suffisamment fort, remuant, dérangeant même, pour me dire que le cinéma de Ferreri ose tout, et c'est à ça qu'on le reconnait.