Alors que le "printemps" du cinéma coréen n'est plus qu'un merveilleux souvenir, que KIM Ki-Duk et son stakhanovisme ne font plus la une (c'est à peine si ses nouveaux films sortent encore en Europe), on peut revoir son brillant "Locataires" avec un peu plus de recul, de perspective… et admettre que c'est un film qui survivra sans doute à l'hystérie de notre passion d'une saison pour la Corée. Mieux encore, le formalisme brillant de KIM Ki-Duk paraît désormais moins "forcé", à une époque où le brio des jeunes cinéastes asiatiques a peu à peu infusé l'ensemble du cinéma mondial. "Locataires" se regarde aujourd'hui comme un poème d'amour fou souvent inspiré, malgré - ou grâce à - son abstraction, et, surtout, surtout, un portrait au vitriol d'une société violente et ultra-matérialiste qui ne tolère aucune résistance, même la plus légère. Pourtant, pour KIM Ki-Duk, la légèreté, fût-elle au prix de l'évanouissement au monde, reste la plus belle des solutions, la plus humaine des rébellions. [Critique écrite en 2010]