Les productions Europa Corp enchainent donc les étrons cinéphiliques avec la rigueur et la fréquence d’un côlon irrité un jour de rougail. Lockout, dernière œuvre démoulée en date, n’échappe pas à la règle instaurée par Besson et ses con-plices qui consiste à trouver un prétexte crétin en lieu et place de scénario, embaucher une ou deux gueules connues en solde, et les faire cachetonner pour vendre ce qui aurait pu être un DTV signé Allan Smithee si les millions franco-européens levés pour l’occasion ne servaient pas à en assurer la promo, au lieu d’aider un (vrai) cinéma (indépendant) local pourtant fauché et en mal de reconnaissance.
Luc, ce saint patron…
Evidemment il va pas se faire chier notre pedobear national. Il va pas prendre de risque et tenter de faire honneur au genre auquel il fait semblant de coller ; j’ai nommé la science fiction. Non ici tout le decorum SF ne sert qu’à excuser l’improbable ; soit tout un tas de poncifs écumant un scénario qu’on croirait tout droit sorti de l’esprit d’un gamin de 11 ans (comme tout les scénarii estampillés Besson, au passage).
Faisons donc preuve d’imagination, puisqu’on en parle :
J’imagine Besson (53 ans) écrire son pitch : «C’est en 2079, y a une prison dans l’espace avec des prisonniers, y a la fille du président des USA qui monte dans l’espace, elle doit rencontrer un prisonnier parce qu’elle est gentille pour les aider, ils décongèlent le plus dangereux et en plus c’est comme les poissons panés si on les décongèle et tout ils deviennent mortels. Les prisonniers réussissent à ne plus être des cons gelés, il foutent le bordel alors on envoie Guy Pearce qui fera plein de blagues un peu comme dans Die Hard mais avec des cheveux, et il devra faire le badass pour sauver la fille du président. Trop super !!! »
J’imagine les co-réalisateurs (lequel rejettera la faute sur l’autre ?) sautiller de joie à l’idée de pouvoir faire leur propre New York 1997 jusqu’à ce que le patron d’Europa Corp leur rappelle pour qui ils tâcheronnent et que c’est déjà bien sympa de sa part de les laisser servir d’excuse au générique en cas d’échec cuisant.
J’imagine le sourire du monteur lorsqu’il s’est aperçu qu’il aurait pas à rater le coucher des enfants le soir parce qu’il aurait pas grand-chose à foutre grâce à un screenplay bourré d’ellipses grossières et expéditives —pour ne pas dire abracadabrantesques (merci Jacques).
J’imagine qu’aucun rôle ne rendra Guy Pearce crédible à mes yeux, qu’il s’agissent de l’amnésique fan de verlan, du vieux en silicone, ou du badass à tatouage malabar et blagues carambar censé évoquer vaguement un Plisken ou un MacLane de derrière les chaumières.
Et bien sûr la seule raison qui aie poussé Stormare à montrer sa bouille patibulaire entre deux épisodes de NCIS Los Angeles et autres implications artistiques militantes c’est l’amour de l’art…j’imagine.
J’imagine que les deux points accordés trouvent leur justification dans les zolis nyeux de Maggie Grace, voire aussi —en étant sympa— dans un opening credit un brin accrocheur pendant… 5 secondes.
J’imagine que l’équipe yougoslave ou indonésienne de post production ne s’est pas aperçue qu’elle avait oublié d’effacer numériquement les câbles servant à suspendre l’autre andouille de Pearce lors d’un combat poussif au dessus d’un ventilo géant absolument dispensable.
J’imagine que vous pensez avoir vu les scènes de poursuites motorisées les plus WTF de ces dernières années…vous avez beaucoup d’imagination alors.
J’imagine déjà votre tronche au visionnage.
*cons : abréviation courante de "convicts" ("taulards" en anglais)