Le genre super héroique fatigue, à l'heure de la surabondance de produits calibrés du MCU et DCU le constat est on ne peut plus frappant. Bien que le genre soit souvent associé au registre du divertissement bête et crétin, 3 licences ont néanmoins pu tirer leur épingle du jeu et s'affirmer en tant que véritable oeuvres cinématographiques. La trilogie Batman de Nolan, la trilogie Spiderman de Raimi et la saga X-men. La licence X-men n'était cependant pas exempt de défaut, souffrant non seulement d'un problème de continuité alambiquée et de troisièmes opus particulièrement décevant (X-men 3, Apocalypse). Les spin off de Wolverine n'avaient quant à eux jamais brillés, tentant d'adapter des arcs majeurs du personnage mais sans aucun génie. A ce titre, mon désarrois était grand, car non seulement Wolverine est un personnage que j'affectionne particulièrement mais j'éprouve également une sympathie non négligeable pour Hugh Jackman qui l'a toujours interprété avec passion. Comme beaucoup, j'attendais donc énormément de cet opus final, vendu comme non seulement un film de super héros différent rendant réellement justice au personnage de Wolverine mais également comme l'ultime départ de Jackman et Patrick Stewart. Dans l'ensemble le film tient ses promesses et s'inscrit non seulement comme étant la meilleur adaptation de Wolverine mais également l'une des meilleurs adaptations de la saga X-men et du film de superhéros en général.


Si James Mangold nous avait livré un film calibré et faussement Bondien avec Wolverine : le combat de l'immortel il trouve ici sa rédemption en livrant un film d'adieu mature, sincère et sans consensus du mutant griffus. Piochant dans le western et le road trip, Logan est un film poussiéreux, pessimiste, violent, ou l'usure tant morale que physique des personnages est palpable. Si Logan n'est pas un film exceptionnel, il a néanmoins le mérite de prendre de risques et de ne pas tomber dans les pièges si chère au MCU. Ici pas d'enième supermenace menaçant l'humanité, de fan service à outrance, de surabondance d'effet spéciaux, de destruction gratuite, de calembour intempestif nuisant aux propos du film. Bref, Logan est tout ce que les productions du MCU ne sont pas. Il ne sombre pas non plus dans la symbolique pompeuse d'un Batman V Superman, ni dans la coolitude autoproclamé d'un Deadpool ou d'un Suicid Squad. Logan est véritablement un film sans prétention qui réussit à mettre en avant l'humanité des personnages, dans leurs tourments tout comme dans leurs vulnérabilité et ce dès le départ en présentant un Wolverine au bout du rouleau, meurtri contraint de trimer comme un força et assistant un Charles Xavier en fin de vie et sénile. Si les X-men mettent souvent en avant des messages de tolérance et d'acceptation (parfois à l'usure comme dans Apocalyspe), cette dernière aventure de Wolverine s'ancre dans le fatalisme. Le rêve est mort, les mutants sont éteints. la désillusion, l'amertume et le deuil des personnages sont palpables. Seules quelques minces touches d'espoir incarnées par X-23 et sa génération font contrepoids à la noirceur du film. La violence n'est ici, ni racoleuse, ni gratuite, ni déplacée, elle sert parfaitement le propos du film et surtout des personnages. Logan et Laura sont des machines à tuer, conditionnées. La rage et la violence apparaissent comme étant des facettes à part entière des personnages. Le sang coule à foison, les membres volent et ça n'a jamais été aussi jouissive. La rage des personnages est communicative, le spectateur la ressent.


En mettant l'humain en avant, le film prend le parti prit de s'inscrire dans une approche non seulement plus pessimiste mais également plus réaliste. Car les actions des personnages ne sont pas sans conséquences, la mort les suit réellement partout. Des scènes telles que celle de la ferme qui à première vue aurait pu tomber dans le cliché, ne font qu'au contraire que souligner les conséquences de la traversée. Les dommages collatéraux sont légions et marquent les personnages. Le spectateur se voit lui aussi emprisonné dans les souffrances tant morales et physique de Wolverine, dont la vie n'a finalement été que marqué par le deuil, le sang et la mort. Life is suffering prend ici tout son sens. Hugh Jackman apparaît vieux, usé, flétri mais toujours aussi brillant, utilisant ses dernières forces pour maintenir un semblant de routine en marge de la société. Le film se permet même quelques dénonciations de la monté de l'intolérance, la haine des Mexicains, et les dérives des grandes multinationales. L'idée de reflet est particulièrement présente d'une part avec Laura qui en dépit de sa brutalité représente une forme d'innocence, d'espoir que Logan a définitivement perdu.


L'idée du clone plus jeune qui au départ aurait pu paraitre saugrenue est finalement plus judicieuse qu'escompté livrant un reflet négatif et sans âme de ce qu'aurait pu être Logan sans Xavier et les X-men


Patrick Stewart campe ici un Charles Xavier tragique, presque pathétique, sa maladie également lourde de conséquence pour son entourage. La jeune X-23, campé par la prometteuse Dafnee Keen crève l'écran. J'étais assez dubitatif sur le choix d'une si jeune actrice mais force est de constater qu'elle volerait presque la vedette à ce bon vieux Logan. Le film m'a particulièrement surpris en osant aller jusqu'à


tuer de façon aussi brutale et définitive deux de ses personnages principaux et en se concluant sur une note finalement bien tragique.


Le film n'est cependant pas sans défaut, souffrant de quelque longueur, la relation entre Wolverine et X-23 n'est véritablement développée qu'au dernier tiers du film, ce qui laisse un sentiment d'inachevé, nuisant pas mal à l'affect final. Bien que l'alchimie soit palpable, on ressort tout de même avec l'idée que cette relation aurait pu gagner en profondeur et en intensité. Les antagonistes sont tout sauf mémorables entre un Donald Pierce finalement bien fade et peu développé et un enième savant anti-mutant. De même le dernier tier du film mettant en avant la colonie mutante est quelque peu saugrenue. Ces défauts ne gâchent néanmoins pas l'ensemble.


Logan est donc une œuvre rafraîchissante, bien moins mainstream que d'ordinaire, aux scènes d'actions plus nerveuses, plus sanglantes, donnant au film un côté plus brut, sauvage, mais jamais moralisateur. Un bon divertissement qui conclut honorablement le cycle de la première génération des X-Men. Il aura fallu le temps mais on l'a enfin eut cette adaptation digne de Wolverine !

The-Goblin
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de super-héros et Les meilleurs films de la saga X-Men

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le 5 mars 2017

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The-Goblin

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