Rōnin

 Je ressors de la salle avec un sentiment étrange, comme assommé, électrisé, peinant à réaliser ce à quoi je viens d'assister..
 Non content d'être un des meilleurs films de super-héros de ces dernières années et le meilleur **X-Men** de la franchise, oui rien que ça, **Logan** se permet même d'être un film qui comprend les genres et influences qu'il convoque pour créer un univers cohérent;
 Transcendé, abordant des thématiques aussi complexes que casse- gueule,**James Mangold** livre son meilleur film et peut être même son plus personnel; la mise en scène, élégante et soignée, travaille les paysages ravagés d'une Amérique désertique et aride, allant chercher l'épure, épousant le chemin des personnages et leur questionnements.**Logan** est un véritable western faisant écho à  des films comme **Impitoyable** ou **Les Fils de L'homme**, respirant la mort à chaque secondes, suintant la déliquescence à chaque plan, un film de sabre d'une sauvagerie hallucinée. **Hugh Jackman**, investit comme jamais dans un écrin qui lui laisse l'occasion de s'exprimer pleinement , de même pour **Patrick Stewart**, impérial en professeur X vieillissant et amer, et **Dafne Keen**, bluffante en enfant sauvage, qui apporte la touche finale à l'alchimie du trio. 
  Malgré quelques problèmes de surlignage, de rythme, et certains personnages pas vraiment exploités, il est difficile de ne pas saluer la démarche. Un tel film qui voit le jour est dû ,certes, en partie au nouveau positionnement **Marvel** vis-à-vis de la classification de ses films, mais surtout grâce l'investissement des producteurs, du réalisateur et de son acteur qui ont porté leur vision jusqu'au bout. Car là où **Deadpool**, agréable, mais dont le traitement "adulte" s'apparente plus à un artifice cachant un film au final sans prise de risque et extrêmement convenu, la violence de **Logan**, elle, est inouie, barbare et sanguinaire, un film mature et fort où la brutalité est salvatrice.
   Courageux, s'assumant totalement sans jamais dévier de son parcours, **Logan** nous rappelle une fois de plus que la ligne entre "divertissement" et "film d'auteur" n'a pas lieu d'être, un petit miracle douloureux, sanguinolent et mélancolique.
   **Logan** est à l'image de son personnage principale; une bête fauve, meurtrie par la dureté de la vie et l'avidité des hommes, maintes fois blessée aux fils des années ,le corps en lambeaux, qui soulève une dernière fois sa carcasse encore fumante, et dans un ultime assaut, offre son âme au soleil, les griffes et crocs ensanglantés, le regard embué, son humanité retrouvée, bouleversant.
    C'était **BigMadTom**, qui quelque part, boit un dernier verre à la mémoire d'un vieil ami.