The Last Stand
Le troisième film d'une saga a toujours été sujet de problèmes du côté de la licence X-Men. X-Men : The Last Stand était catastrophique par rapport à ce que Bryan Singer avait fait avec les deux...
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le 1 mars 2017
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Il aura fallu un bref état des lieux à James Mangold et Hugh Jackman pour comprendre les atouts et les faiblesses de leur précédente collaboration Wolverine le combat de l'immortel et de faire le tri pour ne garder que les meilleurs éléments. Exit donc tout l'apparat de super-héros et le fan service. Pour cette ultime aventure, le griffu abandonne même son nom de mutant pour redevenir civil. Si le film emprunte quelques bases scénaristiques au Old man Logan de Mark Millar, à savoir un road movie dans un futur proche mettant en scène un anti- héros vieillissant, il a le bon goût de s’arrêter là. James Mangold dans ses références séquentielles se rapproche plus de l’œuvre de Kazuo Koike et Goseki Kojima: ***Lone wolf and cub* dans sa description d'un homme et son enfant mutique, partis sur les routes, poursuivis par des assaillants, et dont les affrontements sanglants sont d'une telle violence graphique qu'ils en deviennent presque grotesques. Outre cet héritage pop de la culture japonaise, les auteurs ont retenu du précédent opus que le personnage de Logan n'est meilleur que lorsqu'il est faillible. Le cinéaste raconte donc ce périple d'une frontière à l'autre à la manière d'un néo western crépusculaire, genre pionnier du cinéma nord-américain qu'il a au cours de sa carrière filmé sous différentes formes. De grands espaces, bataille de petits fermiers contre grand propriétaire, visite dans la ville avec ses distractions de saloon, et duel final, James Mangold respecte ici soigneusement les codes ,et transmet les valeurs morales d'un genre mythologique à l'autre au travers du film de Georges Stevens: L'homme des vallées perdues. Logan ne se contente pas de cet héritage cinématographique, il est aussi dans sa description un film d'anticipation assez subtil. Une vision de l'avenir qui se révèle à l'écran sous la forme de petits détails qui tendent à démontrer que ce ne sont pas les mutants qui ont supplanté les humains, mais une forme de robotisation vers laquelle tend inexorablement notre société moderne. Et c'est justement le contrepoint qu'offre le traitement classique à ce futur anxiogène qui est pertinent. Plus encore, la volonté du cinéaste de s'appuyer sur les grands récits du western hollywoodien et de leurs portées universelles afin de se concentrer sur les relations de son petit groupe de personnages. Sans eux, cette sombre balade n'aurait pas sa puissance mélancolique, ni son final poignant. Et c'est là que se révèle toute l'efficacité du cinéaste, qui a su retenir les leçons de ses maîtres de cinéma. Il y a presque quelque chose de Hawks dans la façon dont il a de planter, en l'espace de minutes, son personnage principal, ses décors et ses enjeux, décrivant ainsi nos héros survivants tels les derniers des Mohicans. Affaiblis, les pouvoirs défaillants, ils devront une dernière fois accomplir une mission pour leur salut et un possible avenir de l'espèce mutante. Le film est vraiment touchant dans la description du quotidien et la représentation de la filiation qui existe entre Logan et son père spirituel Xavier, jadis plus grand télépathe du monde et aujourd'hui vieillard accroc aux médocs. Et bien sûr, l'anti-héros prend chair dans sa découverte d'une paternité génétique avec Laura( Dafne Keen), cette jeune fille en apparence si innocente et portant aussi féroce que son héritage ADN l'eut été dans ses heures de gloires. Une posture paternelle que Logan avait abandonnée suite à la disparition tragique des jeunes étudiants de l'école Xavier, et qu'il se doit de nouveau de rendosser, alors qu'il n'est que l'ombre de lui-même. Alcoolique, lui qui autrefois ne sentait pas les effets de l'ivresse grâce à ses pouvoirs régénérant. Marqué, traumatisé, blessé, il va devoir affronter ses démons au sens propre comme au figuré, pour se racheter, retrouver les idéaux de son mentor et sauveur dans le but de passer le relais à une nouvelle génération. Le classicisme de la mise en scène de Mangold est aussi l'un des grands atouts du film. Jamais tape à l’œil et faisant preuve d'un véritable sens pictural, le découpage posé du cinéaste joue sur les accélérations de montage accompagnant le récit et privilégie dans la construction des scènes d'action, un emploie des SFX au service de son histoire et non l'inverse. On ne peut que saluer l'engagement de Hugh Jackman d'avoir défendu ce projet, et insisté auprès des studios pour un traitement digne de ce personnage iconique de la pop culture US. Et c'est à ce moment que l'on se dit qu'il a été payant de voir un navet classé R comme Deadpool au cinéma. A la différence prêt, Logan ne se contente pas de de divertir avec un film violent, avec ses logorrhées remplis d'insultes et son plan nichon, il s'agissait surtout pour James Mangold et sa star de réaliser un film adulte, et ambitieux au sein d'un genre qui compte presque autant de navets que de titres. On ne peut lui souhaiter qu'une seule chose, que les spectateurs soient au rendez-vous, ainsi l'espoir de voir dans un prochain avenir sur nos écrans de grands films de divertissements qui ne prennent plus les spectateurs pour des cons !
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le 2 mars 2017
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