Logan est mort, vive Logan.

SPOILER

L'annonce d'un dernier film centré sur le Wolverine, basé sur les comics Old Man Logan avait de quoi faire jubiler les fans des x-men mais également les spectateurs lambda (Wolverine étant une icône de la pop culture). Son sort était capable d’ameuter bon nombre de spectateurs et en même temps de soigner le retrait d’Hugh Jackman dans son célèbre rôle. Projet portée par James Mangold (3h10 pour Yuma, Walk the line). La première bande-annonce nous laissait percevoir la touche de ces précédentes productions : un western crépusculaire pour « 3h10 pour Yuma » avec la musique « Hurt » de Johnny Cash pour « Walk the line » et la promesse d'un film violent et gore. Des critères habituellement exclus de l'écurie Marvel (à l'exception de Deadpool) pour montrer notre Wolverine dans toute sa fureur. Après un premier film raté, pour son incohérence et un 2ème volet potable, les fans du mutant espéraient toujours un bon film et une bonne conclusion en son honneur. Le glouton les laissera sur leur faim.Logan nous vendait donc un road trip crépusculaire en 2030 à travers une Amérique désabusée ou « apparemment » les mutants sont presque tous éteints. Le vieux Wolverine fatigué est devenu Chauffeur Uber à la frontière Amérique/Mexique pour payer un bateau sur lequel il pourra partir se cacher avec un Charles Xavier de 90 ans, souffrant et traqué par les autorités.
Sa quête sera interrompue quand une jeune et mystérieuse mutante qui s'avérera avoir les mêmes capacités de Logan, lui demandera l'aide du vieux X-men.
Alors oui, Logan est un bon divertissement mais pas un bon film, souffrant de lourdes lacunes. Les fans de X-men ne seront pas surpris de voir (comme dans chaque film de la saga) des incohérences avec les autres opus. Par exemple le personnage de Caliban qui dans X-men Apocalypse se déroulant en 1980, n'a pas vieilli depuis 2030 ; ou bien le cas de Jean Grey qui serait apparemment morte par la main de Logan. À la fin de X-men Days of Future Past, tout ce fini bien dans la première timeline, et aucune menace ne pesait sur les mutants alors que ceux-ci sont presque tous éteints dans Logan.
C'est là que ressortent 2 points problématiques de la saga X-men.
Premièrement l’incohérence totale des 2 timelines (mais c'est un cas général qui ne s'applique pas qu'à Logan) et le manque cruel de contexte dans Logan.
Nous sommes lancés dans un film qui se base sur des évènements dont nous n'étions pas au courant et nous manquons vraiment d'éléments pour comprendre le monde dans lequel prend place le film. Ce qui pour la compression du récit, des enjeux et du contexte politique, est nécessaire.
Car dans tous les bons films X-men, (ce qui fait partie de la force de cette saga), l'engagement politique de ses films en faveur de toutes les minorités (LGBT, noires…) sont représentées par les mutants.
On se souviens tous de la scène de coming-out de mutant dans X-men 2 ou de l'opposition entre Charles Xavier en Martin Luther King et Magneto en Malcom X. Dans Logan on retrouve vaguement une satire d'une Amérique pro-Trump (presque du nazisme) et de la fuite des migrants (représentée par les petits mutants) vers un pays d'asile. Cette comparaison est hélas que trop peu approfondi et laisse place à des scènes de combat ou d'émotion, parfois passable, parfois bien ratée.
Souvent le film réussit à être touchant par bien des aspects et jouera subtilement avec la corde nostalgique grâce à un Charles Xavier nonagénaire pétomane qui perd la mémoire et le contrôle de ses moyens. On découvrira le sort tragique de l'un des personnages les plus attachant de la licence avec tristesse Grace au jeu d’acteur de Patrick Stewart qui livre l'un de ses meilleurs rôles. Le personnage touche toujours juste, contrairement à Logan qui, dans ses plus grands moments de rage sera à la limite du burlesque ou, pire lorsque Logan enterre le Professeur X, il laisse éclater sa rage de façon ridicule sur un véhicule, (les rires ont éclaté dans la salle face à ce plan fixe et au regard vide de la jeune mutante qui l’accompagne). Cette dernière, à l'inverse, avait un jeu suffisamment juste pour que l'on puisse s'y attacher.
L'un des bons points du film est de servir de conclusion à la premier timeline de X-men, et au personnage de Wolverine masculin. Il est également question dans ce film de passation des pouvoirs entre Logan et X-23 (la jeune mutante). Faite de tensions, de fascination/répulsion, la relation entre Logan et son « héritière », qui sert de base au film, fonctionne et fait avancer péniblement le récit. Mais ce qui achève les chances du film d'être réussi, c’est les motivations des personnages et donc les antagonistes.
Simpliste au possible, les enjeux se résument à un Logan qui a besoin d'argent pour acheter un bateau et une X-23 qui doit fuir au Canada, c'est tout, rien d'autre et cela grâce à des « méchants « totalement fades ». Ce ne sont que des prétextes à la fuite des mutants, pour qui X-23 n'est qu'une erreur et doit être mise à morte.
Ainsi lorsque le grand méchant s'apprête à délivrer de vraies raisons et de véritables enjeux à la traque des protagonistes. Il se fait couper la tête en plein discours du méchant stéréotype, comme si les scénaristes avaient paniqué en salle de réunion et avaient perdu la moitié du dialogue dans la déchiqueteuse.
Au final, le film en devient prévisible du début à la fin. Chaque élément, chaque retournement scénaristique sont attendus à cause des éléments précédents. Même si le coup du clone plus jeune de Logan était surprenant, on est surtout étonné de ce choix des scénaristes qui parmi tous les personnages de l'écurie Marvel disponible pour donner son ultime combat à Logan, ont décidé que seul Logan pouvait battre Wolverine. Quitte a tuer ce dernier autant lui trouver un adversaire plus intéressant que cette faiblesse scénaristique.
Malgré tous ces défauts, j'ai personnellement aimé le film, en tant que fan des X-men, le film reste ce qu'il avait promis à ses fans, un vieux Wolverine ultra-violent et un magnifique au revoir à ce personnage animal. Conclusion défaitiste d'une ère des X-men qui, espèrent le, sera plus joyeux dans l'autre timeline. Film a réservé aux inconditionnels, il risque de déplaire au néophyte malgré ses différences avec les autres opus. Logan est mort, vive Logan.