La conscience de la menace par le silence

Le silence parle avec éloquence dans A Quiet Place, Film d’horreur Américain par John Krasinski sans prétention mais redoutablement efficace, l’œuvre ne réinvente pas le genre mais en sublime les codes. Véritable métaphore de l’amour et de l’instinct parental, la naïveté de l’enfant se retrouve face au monde, à l’inconnu et ses dangers. Menace inconnue, c’est donc de nulle part qu’elle surgit. Des Monstres agiles, féroces et affamés ont frayé leur faim sur terre en 2016 et poussé l'humanité vers l’Aube de l'extinction. Ne réagissant à rien d’autre que le bruit, ces créatures bondissent à la moindre respiration trop soutenue ou au craquement d’une brindille sous le pied. Leurs origines ne sont jamais expliquées à l'image de nombreux films de zombies. C'est dans cette ambiance Post-apocalyptique que la Famille Abbott essayait de survivre et d'élever ce qu'il reste de leurs enfants.
Dès l'introduction le ton est donné : les erreurs ne pardonnent pas. Un seul bruit de la part du cadet Abbott va conduire la famille a une tragédie et notre premier choc avec un monstre. Brutal, froid et vif. Le spectateur est prévenu il va falloir être minutieux si l'on ne veut pas attirer les monstres qui rôdent. Marcher dans ses pas, apprendre le langage des signes, manger sans couverts mais avec les doigts et créer un domaine familial et sourd ou la famille va pouvoir s’épanouir.
Prêt à vivre sans un bruit, Prêt à tenter l’impossible pour protéger leurs enfants. Leur quête va se heurter à des bombes à retardement parfois bien amener et parfois trop grosse pour vraiment surprendre le spectateur. Le Personnage de la mère est enceinte, l’appréhension et le stress de son accouchement est un vrai enjeu. Tout comme le fait que l’une des enfants de la famille soit sourde et n’est pas prévenue du danger par le cri des créatures. Mais d’autres idées sont grossières, d’une simplicité scénaristique comme le clou dans l’escalier de la cave alors que la famille marche à pieds nus. La vraie force du film est donc de mettre en œuvre son dispositif horrifique de façon optimale. Grace à un travail sur le son hors norme, les phases de silence totale pousse le spectateur à agir en circonstance. Par conséquent, jamais une salle de cinéma n’a été aussi silencieuse. Pour des personnages majoritairement muets durant l’intégralité du film, c’est un comble qu’ils poussent notre empathie sans exprimer leurs émotions par des mots, glorifiant le langage des signes comme expression du long métrage. Accompagner par l’intelligente musique de Marco Beltrami, Les émotions sont très bien soulignés sans jamais faire trop. Le Leitmotiv des monstres, 2 notes de Tuba Longue aussi efficace que celui de Jaws, viennes ponctuer le calme silence. Démonstration de force du Son, A Quiet Place est une Leçon de cinéma sur le fond mais surtout la forme d’une œuvre qui a compris son medium, Bresson disais que le cinéma parlant avait inventé le silence. A Quiet Place ; lui, l’a compris.