Les amateurs de Festen n’auraient sûrement jamais imaginé il y a une vingtaine d’années voir Thomas Vinterberg, une des figures de proue du Dogme 95, réaliser la quatrième adaptation d’un classique de la littérature anglaise. Là où on aurait pu s’attendre à retrouver sa mise en scène nerveuse et ses caméras portées, à ce qu’il dynamite un peu les codes de l’adaptation, il surprend encore se montrant assagi, presque méconnaissable. Le film est, à première vue, très fidèle au roman tout en élaguant et en allant à l’essentiel, ce qui lui donne à mon goût un rythme un peu cahotant et une résolution trop rapide. C’est le cas typique d’adaptation où je serais curieux de lire l’œuvre originale afin de mieux comprendre les personnages et leurs revirements souvent abrupts, certains étant brossés un peu trop rapidement à mon goût.


Avec des images et de la mise en forme


En dehors de ces points qui m’ont moins convaincu et parfois empêché d’être emporté par l’histoire, le film a de grosses qualités à faire valoir, qui mettent tout le monde d’accord : la photographie, la musique et les acteurs. Les paysages bucoliques de l’Angleterre sont parfaitement mis à profit à grands renforts de levers et couchers de soleil, la vie aux champs des paysans et des domestiques est montrée sans idéalisation mais avec un grand respect pour cette petite communauté soudée face aux épreuves. C’est en partie là que la bande originale fait la différence, même si les compositions sont superbes, on retient particulièrement les chants qui ponctuent le film au gré des célébrations, et marquent des moments forts de l’intrigue plutôt que des pauses.


Enfin, ce n’est pas pour rien si les performances des acteurs ont été soulignées par la critique. Carrey Mulligan confirme depuis Drive sa capacité à incarner des personnages moins fragiles qu’ils n’en ont l’air, mais torturés dans leur quête du bonheur et prompts à faire les mauvais choix. Matthias Schoenaerts, révélation de Bullhead et confirmé chez Audiard, se montre tout aussi à l’aise dans ce rôle plus paisible d’un fermier à la vie simple, qui n’a d’autre ambition que de se marier et fonder une famille. Michael Sheen n’est pas en reste, avec un rôle étrangement proche de celui de Bill Masters dans l’excellente série Masters of Sex, et communique parfaitement le désarroi de ce quarantenaire cherchant à tout prix à se remarier et fou amoureux de l’héroïne. Une belle fresque en somme, qui mérite d’être découverte au cinéma et rend curieux de voir ce que Vinterberg va pouvoir nous offrir sur son prochain film.

blazcowicz
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le 20 juin 2015

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blazcowicz

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