Dans une Angleterre rurale et victorienne vit Bathsheba Everdene (Carey Mulligan), une orpheline sans le sou, mais non sans éducation, ni beauté. Décidée à préserver sa liberté, elle méprise les jeunes femmes éblouies par la première moustache conquérante. Un héritage fait d’elle la propriétaire d’une ferme qui assure son indépendance et qu’elle dirige avec autorité. Trois soupirants gravitent cependant autour d’elle : le fidèle Gabriel Oak (Matthias Schoenaerts), berger de son état qui deviendra son régisseur et a renoncé à toute prétention sur elle, le pathétique M. Boldwood ( Michael Sheen ), un riche fermier voisin, et le séduisant Sergent Frank Troy (Tom Sturridge). Libre de toute obligation, Bathsheba va mener sa propre éducation sentimentale, semée d’innombrables coups du sort, et perdre parfois force et clairvoyance.
Cette adaptation du roman de Thomas Hardy offre un romanesque à l’ancienne plein de charme, délicieusement classique et superbement filmé dans les décors naturels des paysages britanniques. Michael Sheen est parfait dans son rôle de soupirant douloureux dont les événements vont contrarier les aspirations, tandis que Tom Sturridge interprète le parfait séducteur, sûr de lui et hypocrite à souhait. Voilà un film délicat et attrayant qui renoue avec la tradition des films d’époque et les suites de tableaux d’amours malheureux et d’impératifs de vie qui mettent en danger les sentiments les plus authentiques. On voit aussi combien les conditions sociales peuvent laisser une forte empreinte au plus profond des cœurs. En effet, rien ne se résoudra comme on le souhaiterait, tant la société et ses impératifs conditionnent trop souvent la vie amoureuse. Cet opus a pour autre mérite de composer un beau portrait de femme, femme de caractère parfaitement campée par Carey Mulligan qui lui prête sa grâce, sa fragilité et sa détermination, confirmant le jeu à fleur de peau d’une comédienne de tout premier plan.