Habitué aux adaptations récentes de Jane Austen, je me demandais ce que Thomas Vinterberg ferait d'un classique de la littérature anglaise. J'ai été surpris en bien par le résultat. Loin du romanesque des films de Joe Wright, Vinterterg offre un traitement si pas plus réaliste, en tout cas plus proche de ses personnages, à l'histoire de Thomas Hardy. Sa mise en scène sobre offre un film moins grandiloquent, plus empreint de romantisme. Je suis pourtant un grand fan de Joe Wright, mais il faut avouer que ce changement d'approche est raffraichissant.
Maintenant, sur le coeur-même du film, je suis plus dubitatif. Sous couvert d'une histoire ouvertement féministe et en avance sur son temps (une femme refuse les carcans de l'époque en assumant son indépendance et sa liberté), on a tout de même un beau film sur la friendzone, où les personnages masculins sont soit des moutons (bien vu la métaphore du berger), soit des loups (le soldat). Au milieu, on a l'archétype de la femme compliquée, qui ne sait pas ce qu'elle veut, qui laisse croire aux hommes qu'elle les désire avant de leur avouer que non, en fait, elle n'éprouve rien pour eux. Je caricature un peu, mais il faut avouer qu'en prenant un peu de recul, le personnage incarné par Carrey Mulligan est un brin agaçant.
Sans doute la faute au script de David Nicholls, obligé de prendre de sérieux raccourcis qui nuisent un peu au climax (un comble !) et en font un film inégal, au rythme inconstant. Restent les belles performances des acteurs, Carrey Mulligan en tête.