Il ne sera pas interdit de penser tout d'abord, devant Loin de Moi, Près de Toi, que l'animation japonaise tendance fleur bleue, quand elle parle des tourments des collégiens et de l'incommunicabilité de leur sentiment amoureux, commence à gentiment ronronner.
Sans pourtant déplaire, il ne sera pas interdit de se rappeler d'oeuvres comme celles de Makoto Shinkai ou encore Je Veux Manger ton Pancréas, plus fouillées, plus éperdues, plus touchantes. Même si son héroïne, malgré son comportement extraverti parfois un peu gênant, se montre attachante.
Elle porte le masque de l'exubérance et de la bonne humeur parfois trop lourd quand son petit monde s'écroule, quand l'abandon de ses proches l'étreint. Quand celui dont elle est amoureuse s'éloigne. Surgit alors, dans cette chronique adolescente, un étrange vendeur de masques aux allures faustiennes, qui permet à Muge de se contenter de peu.
Car capable de se transformer en adorable petit chat, ce qu'elle ne peut faire en tant que jeune fille se réalise sous sa forme féline : s'approcher de son Hinode, l'apprendre, partager sa vie et enfin s'abandonner dans ses bras.
Et petit à petit, Loin de Moi, Près de Toi semble muer. Empruntant une part d'étrangeté et de fantastique qui donne toute sa saveur au film. Et l'on pensera immédiatement, dans le virage pris, à des films comme Le Royaume des Chats, ou un Voyage de Chihiro light.
Et la magie donne un nouveau souffle à l'oeuvre qui, si elle ne révolutionne pas le genre abordé, intrigue et euphorise, tandis que la nouvelle vie de Muge lui permet de fuir le monde et de mettre à distance ceux qui l'ont déçue ou rejetée : sa mère inconséquente, cette belle-mère étrangère ou son père aimant mais absent.
Un autre monde se dessine tandis que les enjeux touchent le dramatique. Le rythme de Loin de Moi, Près de Toi s'emballe alors pour embrasser pleinement l'aspect magique de son script et ses arguments purement fantastiques plaisants et accrocheurs. Tandis qu'une certaine tendresse se dégage et qu'un mysticisme s'empare du film.
Et que celui-ci se pose sur la cellule familiale de chacun de ses héros, qu'elle soit recomposée et difficile dans ses relations pour l'une, douce et portée sur la tradition et l'héritage pour l'autre, achevant de dépasser, finalement, les enjeux amoureux basiques promis par un résumé assez réducteur.
L'aventure est très plaisante, baignée d'une jolie atmosphère balançant constamment entre mélancolie et joie de vivre, aidée par des décors superbes et une musique soulignant les touches d'étrangeté d'une oeuvre charmante et fraîche.
Dommage seulement de ne pas pouvoir la savourer en salles, comme envisagé initialement...
Behind_the_Mask, fan des Rubettes.