Superbe dans sa forme ultra-classique, Todd Haynes propose avec Loin du Paradis un somptueux long-métrage à l'esthétisme fastueux avec, entre autres, de magnifiques nuances automnales, avant l'hiver, symboles très certainement de l'âge et de l'état dans lequel se trouve le couple dont il percera l'intimité.
Un couple "modèle" de la bourgeoisie américaine d'Après-Guerre, à la bonne réputation longuement travaillée, qui cherchera coûte que coûte à combattre les pulsions homosexuelles "maladives" du mari allant jusqu'à son incapacité à honorer madame, et ce dans un environnement où le racisme demeure très ancré, ce que le réalisateur s'attèlera à fustiger avec toute la subtilité que nous lui connaissons.
Mais justement, là où le bât blesse quelque peu (mais pas tant que ça hein !), malgré toutes les qualités techniques du film, c'est que dans un sens, trop de pudeur, trop de subtilité, peut à un certain moment limiter la force de ce qu'il veut dénoncer. Autrement dit, il me semble être une tâche plus ardue que de vouloir s'attaquer au conventionnel d'une société en l'illustrant de manière aussi conventionnelle... Et c'est là l'écueil qui empêche selon moi ce bon drame romanesque d'atteindre les sommets.
Dennis Quaid, dont je ne suis pas fan habituellement, assure bien dans son rôle d'homme aussi tourmenté qu'effacé, à part lorsqu'il a un coup dans le nez ; quant à la prestation de Julianne Moore, idéale en femme au foyer sincèrement bienveillante mais à la limite irritante de l'optimisme naïf, elle s'avère parfaitement parfaite ! :)
7,5/10