Cross you heart and hope to die
Indéniablement le meilleur film que j'ai eu à visionner cette année, 54 ans après sa sortie. On plonge dans un monde complètement "wrong", pardon my French, où un homme dans la cinquantaine s'éprend d'une jeune fille de 14 ans (mouais, 12 ans dans le livre, il fallait camoufler). Même en partant du postulat d'une abomination relationnelle, l'on en vient à s'y identifier tant le traitement des personnages et la mise en scène sont amenés. On se retrouve à culpabiliser sois-même de ne pas condamner un tel "amour", mais en plus, de petit à petit déplacer le mal commis de Humbert vers cette figure joueuse et mesquine de Dolores "Lolita" Haze. S'il est une phrase de moi que je m'emploie à mettre en œuvre et en pensée, c'est bien "une personne doit être avec la personne qu'elle aime"...mais à quel prix ? Toute cette adaptation du livre éponyme de Vladimir Nabokov vient, principalement à travers les non-dits, confronter ce qu'on pense mais ne dit pas. Le film qui décortique un sujet tabou sans jamais en parler une seule fois. Magistral, tout bonnement. Et puis Peter Sellers est tout simplement génial, crève l'écran, de même que Sue Lyon aka Lolita, qui remplit de présence la pellicule à CHAQUE plan, et dont l'ombre ne cesse de planer autour de ceux-ci; ceux-ci tournant autour d'elle comme une Hélène de Troie avec quelques millénaires en retard : "Le visage pour qui furent lancés milles navires".