Après avoir achevé la lecture du roman de Nabokov, que j'ai beaucoup aimé, j'ai décidé de me confronter à son adaptation cinématographique la plus réussi : celle de 1962 réalisé par Stanley Kubrick.
Voici donc un comparatif entre le roman et le film.
Le personnage d'Humbert.
Comme je l'ai dis dans ma critique du roman de Nabokov, il apparaît clairement que le personnage principal n'est pas Lolita mais Humbert Humbert. Les détails donnés sur sa personne sont si précis qu'il nous permettent d'avoir un avis construit tout au long de ses péripéties.
Dans le film le personnage d'Humbert est vraiment fade et cela s'explique de plusieurs façons :
- La voix off est cruellement peu présente or elle est garante des états d'âme du héros. Nous n'avons pas ou très peu accès au processus de dégradation du personnage pourtant si intéressant dans l'oeuvre de Nabokov
- Le personnage est trop "gentil". Et oui, bien que se présentant comme un artiste maudit, Humbert reste avant tout un homme qui aime les petites filles. Et ça, on l'oublie assez vite dans l'oeuvre de Kubrick. Un excès de censure ? Probablement mais cela est vraiment dommageable.
Le personnage de Lolita
Dans l'oeuvre de Nabokov Lolita est une petite fille de 12 ans, certes c'est une nymphette, une petite fille espiègle parfois un peu provocante, mais cela reste avant tout une enfant. Tout au long de son périple elle grandit, on comprend alors ses attitudes et ses discours car c'est avant tout une enfant qu'on a forcé à devenir une femme.
Dans l'oeuvre de Kubrick c'est tout à fait le contraire, tout d'abord, il n'y a pas de doute, c'est bien Lolita qui tient la tête d'affiche, c'est simple tout ce qu'il existait du roman avant son arrivée a été supprimé. Mais cee qui me gêne le plus, c'est le rôle que donne Kubrick à Lolita.
Tout d'abord, pour rendre l'adaptation cinématographique plus acceptable, le réalisateur à augmenté l'âge de Lolita, il paraît évident qu'elle n'a pas 12 ans dans ce film.
Ainsi cela ferait presque passer la relation de Lolita et Humbert pour une romance classique et donc, comme je le dis précédemment, cela édulcore le personnage d'Humbert.
Ensuite Lolita est clairement provocante, et cela est extrêmement gênant, exit toutes les manœuvres d'Humbert au début de leur rencontre, pour la toucher sans en avoir l'air (et jouir, au passage). Dans le film, Lolita sait ménager ses effets, elle manie les poses lascives et les moues à la perfection et dans chacune des scènes intimes qui sont évoquées c'est elle qui en est l'instigatrice (on semble oublier la dizaine d'autres fois, citées dans le roman, dans lesquelles elle est forcée par Humbert).
Le récit
Dans le roman de Nabokov, j'ai à peut près tout aimé, ci ce n'est les scènes de description des lieux durant leur voyage, qui sont extrêmement longues et qui n'apportent pas grand chose au récit.
Je trouve, au contraire la version cinématographique bien plus fluide car débarrassée de ses artifices. Le vrai plus est l'intervention rapide (dès la scène à l'hôtel Hunter) et très marquée de Quilty. C'est un élément clé de l'histoire qui m'a pour ainsi dire échappé dans le roman. Dans le film elle est le squelette de l'intrigue et cela apporte de la vitamine C au récit.
Pour conclure, je dirai que ce film n'est pas mauvais, il est même plutôt agréable à regarder, mais si on veux vraiment saisir l'essence de Lolita, alors il faut se jeter au plus vite sur la version originel de Nabokov