J'avoue que je ne donnais pas cher au départ de ce « Lolita malgré moi », dont les critiques étonnamment positives ont tout de même fini par avoir raison de ma curiosité. Et comme je les comprends désormais ! Car si l'entreprise reste manifestement ciblée ados et n'échappe pas à quelques moments lourdauds, force est de reconnaître que Tina Fey a donné le meilleur d'elle-même côté scénar, tant celui-ci est probablement parmi les plus méchants que l'on aie pu voir ces dernières années. Rappelant indéniablement les garces de « Belles à mourir », cette aventure lycéenne sait en effet rapidement faire preuve de piquant pour dégommer le monde cruel de l'adolescence à travers quelques personnages mémorables, à l'image de Regina, peste presque touchante, ou encore de Karen, ravissante idiote (mais vraiment vraiment) agissant plus par limite intellectuelle que par conviction, toutes deux interprétées avec beaucoup de présence par Rachel McAdams et Amanda Seyfried.
Pour autant, la critique ne s'arrête pas là et au fil des minutes, le discours se fait même assez subtil, Fey renversant les valeurs avec audace et intelligence. En effet, malgré une fin attendue et beaucoup trop sage, nous notons que les personnages évoluent constamment dans le récit, aussi bien positivement que négativement d'ailleurs. Certains s'offrent même le luxe de faire le yoyo, permettant au récit d'être toujours en mouvement et de ne jamais se figer sur une idée unique, comme c'est malheureusement bien trop souvent le cas dans les comédies actuelles. Au milieu de tout cela : une poignée de scènes hilarantes, des dialogues plus futés qu'ils en ont l'air et une morale très pertinente : à force d'imiter l'ennemi, tu finis inévitablement par lui ressembler, voire le surpasser... Bref, un spectacle souvent détonnant, respectueux de tous les publics et venant confirmer le charisme hors-norme de Lindsay Lohan dès qu'elle se tient éloignée de la presse people : une réussite.