Demi-Cerveau-Ramolli & Oiseau-Très-En-Colère
Après avoir revisité le film de pirates, l'équipe Disney-Bruckheimer s'attaque au western. Les ingrédienbts sont les mêmes, un mélange improbable de respect des codes et de grand n'importe quoi, pour donner un film qui réunit aventures et humour.
L'histoire, c'est l'union entre un avocaillon idéaliste et un Comanche cinglé pour tenter d'empêcher la guerre entre Blancs et Indiens.
Le début est plutôt long à se mettre en place. D'abord, il y a une idée que j'ai trouvée mauvaise : le récit principal (qui se déroule vers 1860) est encadré par un autre récit (qui se situe, lui, en 1933), où un vieil Indien à la peau parcheminée raconte tout à un petit garçon. Le procédé est connu depuis longtemps maintenant : c'est celui de Princess Bride, où le garçon se permet d'interrompre l'histoire à tout moment pour dénoncer des incohérences ou demander des explications. Seulement, là où c'était totalement justifié dans le film de Rob Reiner, qui était une parodie de film d'aventures, ici, ça ralentit le rythme, c'est lourd, ça ne sert à rien. En bref, tout ce récit qui encadre l'histoire principale pourrait être supprimé, cela permettrait de rentrer plus vite dans le vif du sujet.
Dans les défauts, on ne compte plus les incohérences et les erreurs historiques, par exemples.
Après cette introduction trop longue, on a droit à tous les ingrédients habituels, dans l'ordre canonique : scène d'action d'ouverture, puis temps calme pour présenter les personnages et implanter la situation, pus le film commence vraiment. Ce qui nous permet d'aboutir à une conclusion toute simple : il n'y a vraiment que la seconde moitié du film qui atteigne son but, c'est-à-dire un divertissement familial plutôt réussi.
D'abord, on a un méchant vraiment très méchant, qui a la facheuse habitude de dévorer le coeur de ses victimes. On a un projet commercial dont on devine qu'il aura des conséquences néfastes (que l'on va découvrir progressivement). On a un Johnny Depp complétement délirant qui reprend le type de jeu qui avait fait le succès de Jack Sparrow, un mélange d'action et d'humour qui reste toujours décalé et inattendu (à lui seul, il constitue une excellente raison pour voir ce film). Voyez ce qu'il fait avec une échelle, à la fin du film, par exemple.
On a quelques scènes plus sombres, voire violentes. On a les splendides paysages de Monument Valley. Et on a une course-poursuite finale impressionnante.
Et puis, on a une vision intéressante de la naissance des Etats-Unis, la Conquête de l'Ouest et l'Union du pays. Loin de la description du temps de l'héroïsme, le film nous montre une vision sûrement plus juste. Massacre des Indiens, confiscation de leurs terres, le tout à des fins uniquement mercantiles. Le film montre comment l'argent, la soif de richesses, a pourri l'ensemble du pays. Au nom de l'argent, on tue, bien sûr. Mais ça va plus loin : même l'état, le gouvernement, les représentants de la Loi, se plient aux exigences financières. L'argent ne permet plus de contourner la loi, il fait la loi. Et il sert de base à la construction d'un pays qui se proclame Pays des Libertés.
Pour avoir fait un constat similaire (mais en plus profond, plus subtil et plus intelligent), il y a trente ans, Cimino a été qualifié de traître et a fait l'objet d'une campagne de presse abjecte aux USA, qui a ruiné sa carrière.
Mais il faut bien voir l'aspect hypocrite d'une telle dénonciation chez Disney. La firme de Mickey qui dénonce le pouvoir de l'argent-roi, c'est un peu comme si Josef Goebbels avait fait une conférence anti-raciste...
En bref, un bon divertissement, aux scènes impressionnantes quand il le faut, ponctué de nombreuses touches d'humour, pour public pas très exigent. De quoi s'en mettre plein la vue.