Lone Ranger - Naissance d'un héros par Cinemaniaque
Pour tout dire, je ne connaissais rien du tout à Lone Ranger avant de voir le film (ni après d’ailleurs). En revanche, je savais que l’association Verbinski-Depp pouvait amener quelque chose d’intéressant sur le terrain du western, et je n’ai pas été déçu.
Oui, Johnny Depp fait du Johnny Depp, à mi-chemin entre Jack Sparrow et ses récents personnages chez Tim Burton, mais peut-on l’en blâmer ? D’une part il le fait bien, et d’autre part cela lui permet de porter des projets comme Lone Ranger. Surtout que derrière la caméra il y a Gore Verbinski, cinéaste sous-estimé (je ne le répéterai jamais assez) car il est le mix entre un entertainer accompli et un cinéphile pointu. Si Rango faisait déjà quelques références aux westerns qu’affectionne Verbinski, Lone Ranger tape la barre un cran plus haut en citant pêle-mêle (mais avec classe) Samuel Fuller, Little Big Man (le maquillage inouï du vieillard), Sergio Leone (tant dans le récit et les costumes que dans la musique de Zimmer) voir même Peckinpah par occasion. La force de Verbinski est d’avoir gardé son âme de gosse et de l’insuffler dans sa réalisation tour à tour tendre et amère avant d’être emportée dans un humour et un rythme endiablé, à l’instar de ce final épuisant mais tellement digne d’un Indiana Jones.
Surtout, Verbinski ose faire un pied de nez assez énorme (et faussement provocateur puisqu’ils l’ont laissé faire) à Disney en devenant un film non pas pour gosses mais pour les grands enfants que sont les adultes. Verbinski, s’il est contraint à ne pas montrer de sang et de trop grande violence, n’hésite pourtant pas à évoquer cannibalisme et éventration, meurtre de masse et ponctue le tout par une séquence, horrible mais sincère, où des dizaines de corps d’indiens flottent sur l’eau le long d’un camp de l’armée US.
Si le film n’a pas convaincu le public ou la presse américaine, c’est peut-être finalement pour toutes ces raisons, pour ces hommages à des cinéastes poil-à-gratter, pour ce retour sur une époque peu glorieuse de l’histoire américaine, pour son refus de céder à la facilité et pour avoir oser outrepasser le principe de simple divertissement instauré par Pirates des Caraïbes. Lone Ranger, sous ses airs de grand spectacle disneyien et humoristique, est un western authentique, le gage d’amour d’un duo cinéphile et engagé envers un genre et une population que l’on occulte trop souvent aujourd’hui.