En 2013, Gore Verbinski était l'un des hommes importants d'Hollywood. Il sortait de sa trilogie Pirates of the Caribbean qui a connu un succès phénoménal. Le mélange action/fantastique/comédie fonctionnait du feu de Dieu. Les trois films ont rapporté beaucoup d'argent à Disney et à Jerry Bruckheimer (le producteur). Puis, Verbinski est allé du côté de l'animation réaliser Rango. Ce dernier n'a pas connu le même succès que la saga sur les pirates mais les critiques étaient tous d'accord pour dire que ce Rango était excellent. Le film a d'ailleurs remporté le BAFTA et l'Oscar du meilleur film d'animation. Gore Verbinski semblait alors être le nouveau grand réalisateur d'Hollywood, se montrant aussi habile dans les films classiques que dans les film d'animation. C'est donc tout logiquement qu'on lui a donné carte blanche quand il est venu présenter un nouveau projet au studio : The Lone Ranger.
The Lone Ranger est presque comme une réunion de famille. Tous les acteurs majeurs de la trilogie Pirates des Caraïbes étaient réunis. Il y avait évidemment Vebinski à la réalisation, accompagné de ses acolytes Johnny Depp (Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes) et Hans Zimmer (qui a composé la musique des films "pirates"). Terry Rossio et Ted Ellliott, les deux scénaristes des quatre premiers opus de la franchise "pirates", sont également les auteurs de Lone Ranger avec Justin Haythe. Et évidemment, le film est produit par la même société que les films sur les pirates aux Caraïbes. Donc on pouvait évidemment espérer que ce nouveau projet connaisse le même succès retentissant. Il n'en fut rien.
Avec un budget de 215 millions de dollars, The Lone Ranger n'a rapporté que 260 millions de dollars dans le monde entier. On peut par conséquent parler de cuisant échec, d'autant plus que les critiques étaient loin d'être enthousiastes. Verbinski se retira d'Hollywood après ça et on n'entendit plus parler de lui jusqu'en 2017 où il sortit A Cure for Wellness dans l'indifférence presque totale. On est donc loin du phénomène Pirates des Caraïbes, et cela peut s'expliquer sur plusieurs aspects.
Il y a d'abord la durée du film. Long de quasiment 2h30, le film comporte certains temps mous au cours du récit qui pénalise le rythme. D'autant plus que pour un film d'action, The Lone Ranger n'est pas très rapide. Gore Verbinski se permet de prendre son temps afin de bien présenter tous les personnages (qui sont assez nombreux). Il y a également le problème des scènes qui se déroulent en 1933 dans le parc d'attraction qui sont tout simplement inutiles et n'apportent strictement rien au récit. Pire, ces scènes sont parfois placées à de très mauvais endroits dans le récit, interrompant une scène d'action ou un dialogue. Ces scènes se montrent donc assez frustrantes et leur inutilité est encore plus énervante.
Ensuite, il faut reconnaître que les tentatives d'humour sont loin d'être toutes convaincantes. Le film peut amener à sourire par moment au détour de quelques répliques mais le côté comique n'est pas un point fort, sans que cela ne soit ridicule pour autant. Le personnage de Tonto, interprété par Johnny Depp, est clairement le plus loufoque et il se montre drôle par moments, mais puisque la comparaison est inévitable on peut le dire Tonto ne vaut pas Jack Sparrow. Johnny Depp est pourtant très bon dans ce rôle et le reste du casting n'est pas mauvais non plus.
On se retrouve donc avec un film un peu trop long, avec un problème de rythme et qui a du mal à se montrer drôle. Cependant, The Lone Ranger se rattrape notamment lors des scènes d'action. Gore Verbinski ne se montre certes pas aussi inspiré que pour les Pirates des Caraïbes, il filme tout de même de très bonnes scènes d'action, sachant très bien retranscrire tout le spectaculaire des événements et gardant l'ensemble tout à fait lisible, facile à suivre et entraînant. Il est bien sûr aidé par la bande originale de Hans Zimmer qui se montre une nouvelle fois très efficace. On n'atteint pas les sommets de ses compositions pour la saga "pirates", mais son utilisation de l'ouverture de William Tell pour le climax est forte et donne beaucoup d'intensité à la scène. Le reste de sa bande originale est bonne aussi, on sent qu'il sort lui aussi de Rango tant certains passages rappellent la BO de ce film d'animation. On note également une inspiration logique du côté de Ennio Morricone, western oblige.
De plus, on ne peut nier qu'il y a une ambition évidente qui ressort de ce projet Lone Ranger. Il y a bien sûr l'envie de refaire quelque chose d'aussi exceptionnel que le premier Pirates des Caraïbes. Mais il y a aussi l'envie de raconter une grande histoire impliquant de nombreux personnages. D'ailleurs, l'histoire en elle-même n'est pas mal écrite. Ted Elliott, Terry Rossio et Justin Haythe sont de bons scénaristes. Ils ont écrit une bonne histoire mais ils en ont fait un peu de trop, écrivant des scènes dont il aurait été facile de se passer et qui rallongent le récit sans toutefois apporter grand chose.
Au final, The Lone Ranger est un blockbuster sympathique qui, en tant que divertissement, accomplit son office. On est certes loin du phénomène Pirates des Caraïbes mais The Lone Ranger n'est pas mauvais pour autant. Il ne méritait pas son terrible bide qui lui donne une image de blockbuster complètement raté et oubliable. C'est encore plus dommage quand on voit que cet échec a presque coûté la carrière de Gore Verbinski (et est peut-être même encore en train de l'impacter) alors qu'il est pourtant un très bon cinéaste.