Puisqu’on a cartonné avec les pirates, on pourrait appliquer la formule au western. Non ? Mais si. Après tout, on a bien réussi à financer un film où les aliens envahissent la vallée de la mort, alors…
Donc, Depp grimé, logique, il semble que ce type a fait un pacte avec Mephisto qui lui attribue une gloire et des cachets pharaoniques dans tous les blockbusters pourvu qu’il ne montre plus son vrai visage, sans doute couvert de furoncles, de la lèpre ou que sais-je encore.
Face à lui, une endive blonde qui accepte avec la candeur d’un comédien en galère ce que le type au corbeau mort sur la tête lui dit de faire : ok, je porte un masque, d’accord, je prends le cheval qui grimpe aux arbres.
Face à eux, un méchant sans charisme, qui l’est parce qu’il convoite le bien d’autrui, que ce soit du minerai d’argent, la femme du frangin ou son cœur façon tartare. Et puis on reprend l’idée de la balle unique pour assouvir sa vengeance, ça claquait dans Pirates des Caraïbes, alors bon ici aussi hein.
Comme toujours, on ne comprend pas pourquoi ça dure 2h30. Ces allées et venues entre le récit et un futur avec récit du vieillard au gamin sont parfaitement inutiles, tout comme certaines disputes entre l’endive et le corbac dont le potentiel comique n’est pas vraiment exploité. Les personnages n’ont pas d’épaisseur et on se fiche bien de la destinée de la belle-sœur/veuve/future du héros, les blancs sont tellement tous des salauds qu’on n’a pas de quoi s’indigner, même s’il est à signaler que la tonalité pro-indien (voire discrètement chinois dans les ouvriers du rail) est plutôt bienvenue. Les plagiats de Leone, dans l’attente à la gare ou dans la musique de Morricone sont un brin lourdingues, mais c’est toujours une bonne façon d’annoncer aux marmots qu’un jour ils verront de véritables films.
Mais voilà, Verbinski a un atout non négligeable pour de telles entreprises : il sait nous concocter de jolies scènes d’action, qui à elles seules justifient (presque) la totalité du film. Un train se dirigeant vers la fin provisoire des rails, une course poursuite parallèle entre deux autres, tunnels, chariots, chaines et échelles, cheval de fer et cheval tout court, le tout sur l’ouverture de Guillaume Tell de Rossini, entre Tex Avery et Buster Keaton : le plaisir est là.
On retiendra ça.