Dans cette évocation de l'histoire des frères James, Walter Hill et ses scénaristes ont été soucieux de ramener les personnages à leurs vraies dimensions, d'explorer les racines familiales, les comportements sociaux, les caractères individuels... c'est pourquoi on voit beaucoup de bals champêtres, de séquences intimistes ou des scènes de tendresse dans des bordels entrecoupées par des scènes d'action viriles. C'est un dépoussiérage bénéfique, car la légende qui avait fait de ces pilleurs de banques des Robin des Bois volant le riche pour épauler les petites gens et les fermiers ruinés, est quelque peu égratignée ; mais cette tribu fraternelle n'apparait pas pour autant comme une horde sanguinaire, au contraire, le côté humain y est très important, Hill dépeint ses bandits comme des gars amoureux et pépères entre 2 pillages.
Les scènes d'action sont remarquablement dirigées, notamment l'attaque du train et surtout le raid sanglant de Northfield où la violence est réglée comme une chorégraphie, avec des ralentis qui rappellent un peu le style de Sam Peckinpah. A l'opposée, la séquence de l'assassinat de Jesse James est filmée avec une sobriété exemplaire.
Mais la grande particularité du film est d'avoir confié les rôles de ces frères hors-la-loi à de véritables frères dans la vie ; ainsi les frères Keach sont les fameux Frank et Jesse James, les 3 frères Carradine sont les frères Younger, les Quaid sont les frères Miller, et les Guest sont les minables frères Ford. Au final, cette évocation du gang James tentait en 1980 de ressusciter le western, genre quasi moribond à cette époque ; de ce côté, le film n'y parvient pas vraiment, il fallut encore 5 ans pour que Pale Rider puis Silverado relancent le genre. Mais ses qualités d'authenticité sont indéniables, et on voit déjà que le western à l'ancienne n'est plus, les balles font de vrais trous, le sang gicle, un réalisme plus cru s'installe ; au Far West idéalisé et romanesque de la version de 1939 de Henry King, ainsi qu'au remake plus inquiet et corrosif de la version de 1957 de Nicholas Ray, Walter Hill refuse la glorification béate et oppose un univers désenchanté, hanté par la mort et la trahison. Le film reste pourtant trop méconnu.